Sant’Egidio : des familles syriennes accueillies en France

Suite au protocole d’accord signé entre Sant’Egidio et les SSF avec le gouvernement, 3 familles syriennes sont arrivées cette nuit en France (03/06/2021). Toute l’équipe des Semaines sociales de France leur souhaite la bienvenue !

Appel pour les couloirs humanitaires

Suite à la signature d’un protocole d’accord entre les Semaines sociales de France, Sant’Egidio et le gouvernement pour accueillir dans les deux prochaines années 300 réfugiés syriens et irakiens vulnérables, un appel est lancé à tous ceux qui souhaitent s’engager dans l’accueil solidaire et citoyen des « Couloirs Humanitaires ».

Instaurés à l’initiative de Sant’Egidio depuis 2015 vers l’Italie puis vers la France, la Belgique et d’autres pays européens, les Couloirs humanitaires ont déjà offert à 3500 réfugiés cette voie d’accès sûre et légale vers une vie en paix. En France, le protocole renouvelé le 12 avril vise à amplifier une dynamique d’ores et déjà solide avec plus de 500 personnes accueillies ces quatre dernières années, entourées par des collectifs citoyens (associations, paroisses, communautés, société civile) actifs dans 41 départements français et comptant plus de 2500 bénévoles.

En 2015, le « point zéro » des Couloirs humanitaires fut une révolte face au cri de ceux qui fuient les guerres, la violence ou la grande pauvreté et la volonté de ne pas détourner le regard des morts en Méditerranée, mer commune devenue la douve de notre forteresse européenne où s’engloutissent tant d’hommes, de femmes et d’enfants à la recherche d’une protection pour leur vie. Ce fut aussi la conscience de la nécessité de défendre nos valeurs européennes, notre droit d’asile, fruit sage d’une histoire longtemps bouleversée sur notre continent même.

En quelque sorte, les Couloirs humanitaires préfigurent le « monde sans frontière » décrit par pape François au début de son encyclique Fratelli Tutti : non pas une utopie inconsciente mais une vision nouvelle pour un monde complexe où les frontières chaque jour un peu plus hautes semblent trop souvent la seule réponse proposée. Le pape François nous dit, nous explique, nous démontre qu’il n’y a pas de futur pour les murs et qu’il est possible de les abattre tous, y compris ceux qui semblent les plus insurmontables.

C’est possible si nous savons retrouver, exploiter et multiplier ce talent humain fondamental de la fraternité avec tous. C’est une grande vision et une grande espérance tant pour nos sociétés européennes menacées par le repli sur soi que pour les pays d’origine des réfugiés enfermés dans la double spirale de la guerre et de l’oubli.

Il suffisait de voir l’émotion des familles irakiennes, de toutes confessions, déjà accueillies en France par les Couloirs humanitaires, devant les images du pèlerinage fraternel de François en Irak du 5 au 8 mars dernier, pour comprendre la force du rêve de fraternité avec tous, un rêve qui brise les murs, qui relève, qui construit la paix. La fraternité vue non pas comme un supplément d’âme pour naïfs mais comme un processus radical capable de recomposer les relations internationales comme les relations interpersonnelles et locales.

Dans le désert d’Ur (où il n’y a pas de murs), le pape a demandé : « D’où le chemin de la paix peut-il alors commencer ? Du renoncement à avoir des ennemis. » Il a ensuite poursuivi par une série d’indications, précédées d’une phrase solennelle et exigeante : « Il nous revient de… ». Les croyants de toutes les religions et de tous les pays ne peuvent pas rester inertes ou insignifiants, ils ne peuvent pas marcher seuls, poursuivre leurs propres intérêts, se résigner au mal ni détourner le regard. Le « Il nous revient de… » du pape François à Ur doit résonner aussi dans nos consciences, dans nos villes, dans nos églises pour en faire des lieux de fraternité vécue.

« Chaque collectif se formant pour accueillir une famille éprouvée par des années de guerre et d’exil deviendra une communauté fraternelle découvrant des trésors insoupçonnés de compassion, de solidarité, de dialogue et d’intégration. »

Nous ne pouvons pas tous nous rendre en Irak mais nous pouvons tous prendre notre part à la construction du pont de paix que sont les Couloirs humanitaires. Chaque collectif se formant pour accueillir une famille éprouvée par des années de guerre et d’exil deviendra une communauté fraternelle découvrant des trésors insoupçonnés de compassion, de solidarité, de dialogue et d’intégration.

Valérie Régnier, Responsable Sant’Egidio-France et administratrice des Semaines sociales de France

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