Quatrième vague ?

La nouvelle vague ? Ne rêvez pas, il ne s’agit pas du retour de cette rupture dans le cinéma des années 60, qui aurait pu se répandre via les médias contemporains, mais du mot utilisé pour décrire une évolution statistique, une courbe qui permet de figurer l’évolution du nombre de personnes contaminées, hospitalisées, réanimées, ou décédées.

L’image que nous propose cette comparaison marine semble claire, et elle est également rassurante, car une vague connaît un sommet, et un retour à une horizontale normalité ; mais il n’est pas besoin d’être un grand marin pour savoir qu’une vague n’est jamais seule, première, deuxième, troisième…. vague? Les vagues ne se comptent pas, ce mouvement de la mer, la réaction de l’océan à la roche ou au sable littoral se décrit par un état : mer calme, peu agitée, agitée, forte, grosse…

Il me semble utile que nous choisissions mieux les mots qui décrivent notre situation sanitaire : oublions la vague, la météo nous offre des images plus pertinentes.

La houle d’abord, avec une ampleur, une régularité, le sens du temps long… la houle n’est pas soudaine et ne disparaît pas subitement, et puis la houle traverse les mers et les océans, elle lie deux rives qui ne se voient pas, deux continents qui s’ignorent, elle nous oblige à scruter l’horizon.

La gravité de ce que nous vivons relève plus de la tempête : un ensemble de phénomènes où la force du vent se mesure, sa direction est repérée, ses conséquences sur l’état de la mer se prévoient. Le marin adapte alors et sa route et sa voilure, le rythme de la vie à bord est commandé par la météo. Et l’équipage se prépare au grain, ce moment où il faut savoir renoncer à un cap pour privilégier la sécurité du navire.

« Un mot, cette « vague », simple symbole, devient un concept normatif censé évoquer un mouvement qui apparaît bien peu pertinent pour décrire la pandémie que nous vivons. »

On peut oublier ces images marines sans doute pas totalement adaptées, ou en trouver d’autres ; mais pour garder une capacité d’analyse du discours politique un recul est nécessaire sur la sémantique, d’abord suggérée puis reprise à saturation. Un mot, cette « vague », simple symbole, devient un concept normatif censé évoquer un mouvement qui apparaît bien peu pertinent pour décrire la pandémie que nous vivons.

Attention à l’image facile, elle nuit à l’analyse.

Philippe Segretain, membre du Conseil des SSF

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