La Sécurité en jeu – Qu’est-ce que l’Europe doit faire d’ici 2030

IXE

Les initiatives chrétiennes pour la paix et les responsables politiques ont joué un rôle majeur dans le dépassement de la division de l’Europe. L’unification européenne a été encouragée afin de mettre la guerre derrière nous et de nous unir. Si l’Europe cesse d’être un projet de paix, elle reniera ses racines. La guerre est de retour et l’Europe doit se défendre. La guerre d’agression non provoquée de la Russie contre l’Ukraine dure maintenant depuis 44 mois. Cette année, de nombreuses initiatives diplomatiques ont été lancées. Beaucoup de tentatives n’ont abouti à rien. Les attaques russes se poursuivent et coûtent des vies chaque jour. Nous appelons les dirigeants européens à se mettre rapidement d’accord sur la meilleure utilisation des avoirs russes gelés afin de garantir la capacité de l’Ukraine à se défendre. Nous aspirons à une paix juste et durable et croyons qu’elle est possible. Dans une perspective chrétienne, nous proposons des mesures qui peuvent contribuer à rendre l’Europe plus sûre et plus pacifique. Pour nous, il est clair que la religion ne doit pas être utilisée comme une arme, mais doit fournir des orientations en temps de guerre par le biais d’une éthique de la paix. 

1. L’Europe doit défendre la paix de manière crédible. 

Cette responsabilité implique d’utiliser les moyens nécessaires pour soutenir ceux qui ont besoin d’aide et de protection. Pour mettre fin à l’agression, protéger les innocents et rétablir la paix, le recours à la force militaire peut non seulement être admissible, mais même nécessaire. Il est injustifiable de rester passif face aux guerres d’agression et de laisser l’agresseur l’emporter. Il reste impératif que la violence ne soit légitime que pour protéger ceux qui sont attaqués, et uniquement lorsque tous les autres moyens ont échoué. En outre, les mesures doivent rester proportionnées. L’objectif doit être de désarmer l’agresseur et de vaincre la violence. 

2. L’Europe doit réagir de manière globale. 

Si nous sommes contre l’armement effréné, nous ne devons pas non plus inviter l’agresseur à lancer de nouvelles attaques impérialistes. L’Europe doit être en mesure de se défendre, de défendre sa démocratie et sa liberté contre cet agresseur. Au-delà de cette menace immédiate, nous sommes confrontés aux cyberattaques des régimes autocratiques, au terrorisme, aux violations des droits de l’homme, à la crise climatique. Vivant dans des circonstances instables, nous avons besoin de solutions durables et ciblées. Les certitudes géostratégiques sont devenues des préoccupations. Une guerre brutale menée par la Russie et un changement politique fondamental aux États-Unis d’Amérique révèlent que l’Europe n’est pas encore assez forte. En matière de relations extérieures, l’UE a besoin d’une plus grande autonomie stratégique.  Nous appelons les dirigeants européens à faire preuve d’unité. Ce qu’il faut, c’est une prise de conscience sérieuse de la responsabilité de l’Europe dans la protection des valeurs démocratiques et dans la construction commune d’une défense vigilante, efficace et moderne, capable d’assurer la paix et la sécurité. 

3. L’Europe doit revoir ses dépendances unilatérales et éviter d’en créer de nouvelles.

L’interdépendance économique était considérée comme un modèle de réussite, mais elle est désormais devenue un risque. Les autocrates en tirent profit. Les chaînes d’approvisionnement deviennent vulnérables. Il est primordial de renforcer la souveraineté de dans ce domaine, sachent qu’il est impossible de réduire du jour au lendemain toutes les dépendances problématiques.

4. L’Europe doit façonner un multilatéralisme renouvelé et trouver sa place dans le XXIe siècle

Un nouvel ordre mondial nécessite de nouveaux partenariats. Lorsque la démocratie s’érode, les pays commencent à agir de manière transactionnelle plutôt que coopérative. Les catégories d’amis et d’ennemis deviennent floues. Les valeurs ne sont plus partagées ; elles deviennent des pions dans des batailles culturelles. L’Europe ne doit pas être écrasée entre les blocs de pouvoir géopolitiques. L’Europe doit avoir sa place dans le monde, défendre ses intérêts légitimes et ses valeurs contribuant à la paix et à la justice. Il ne suffit pas de travailler à davantage de souveraineté dans son espace. L’UE est appelée à jouer un rôle de premier plan en promouvant le droit international et son application dans l’espace physique ainsi que dans le cyberespace, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

5. Nous, Européens, devons résister aux discours des partis radicaux qui prônent l’isolationnisme et le nationalisme. 

Nos acquis européens ne doivent pas être remis en cause. Si nous travaillons ensemble, si nous respectons nos propres règles et accords, nous pouvons montrer que nous résistons à la tendance autoritaire et à la polarisation. Schengen est un élément essentiel de l’intégration européenne. Ce n’est pas seulement une option pour l’Europe, mais depuis quarante ans un pilier de notre action de facilitation de la vie quotidienne des gens. Les embouteillages aux frontières, les contrôles arbitraires et les personnes assises sur les ponts frontaliers, incapables d’avancer ou de reculer, ne doivent pas être le visage de l’Union européenne.

La défense des valeurs ne doit pas se limiter à de vains mots, mais doit se traduire dans la pratique en matière de défense et de sécurité.

Josian Caproens, BELGIQUE, Conseil pastoral interdiocésain (IPB) / présidente du Forum européen des comités nationaux des laïcs (ELF)

Dr. Stefan Eschbach, ALLEMAGNE, du Comité central des Catholiques allemands (Zentralkomitee der deutschen Katholiken ZdK)

Fr. Roman Fihas, UKRAINE, directeur de l’Institut des Etudes œcuméniques (Université catholique d’Ukraine)  

Isabelle de Gaulmyn, directrice des Semaines sociales de France

Grégoire Lefèvre, FRANCE, Semaines Sociales de France (SSF)

Janko Korošec, SLOVÉNIE, Socialna akademija

Mary McHugh, ROYAUME-UNI, Conseil national des femmes catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles (NBCW)

Adela Muchova, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, Académie chrétienne tchèque 

Petr Mucha, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, Académie chrétienne tchèque 

Dominique Pannier, FRANCE, Semaines Sociales de France (SSF)

Sophie Rudge, ROYAUME-UNI, coprésidente d’ANDANTE – Alliance européenne des associations de femmes catholiques

Luís Miguel Roquete, PORTUGAL, trésorier de la Conferência Nacional das Associações de Apostolado dos Leigos (CNAL)

Benoit Willemaers, BELGIQUE, secrétaire aux affaires européennes, Centre social européen jésuite (JESC)

L’Initiative des chrétiens pour l’Europe (IXE) est une association d’organisations laïques et de chrétiens engagés de différents pays européens. L’objectif général de l’IXE est d’intégrer une conscience plus vive d’une Europe unie dans les débats nationaux. L’initiative vise à favoriser la rencontre des chrétiens en Europe et à promouvoir la doctrine sociale de l’Église afin de parvenir à une meilleure connaissance et compréhension mutuelles des différences historiques et culturelles. Pour en savoir plus, consultez le site  https://christiansforeurope.com/   

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