Dossier Europe

Faits marquants – L’Union européenne : un défi à relever

Synthèse de la journée du jeudi soir de la session 2004 des Semaines Sociales de France, « L’Europe, une société à inventer ».

La soirée inaugurale des Semaines Sociales à Lille a été placée sous le signe de la différence culturelle et du « Vivre ensemble ». Grâce à un film d’introduction, le public a pu se rendre compte de la diversité même du lieu qui les accueille : Lille et son histoire mouvementée, faite de conquêtes et de souverainetés multiples ; Lille et son industrie qui, malgré les difficultés, a toujours su se relever ; Lille où se créait il y a 100 ans les premières Semaines Sociales.

Bernard Derosier, président du Conseil Général du Nord, insistera sur l’importance de l’Union européenne pour le département du Nord. Une région touchée durement par le chômage et qui a pu bénéficier du Fonds social européen. Après avoir souhaité une Europe sociale plus forte encore, il a laissé la place au président des Semaines Sociales de France, Michel Camdessus l’ancien responsable du Fonds monétaire international. Celui-ci a insisté sur le rôle des citoyens dans la construction de l’Union et sur le rôle des Semaines Sociales dans la mise en commun des projets.

Pour une politique d’immigration et de défense commune

Le deuxième défi européen est, selon le président de la Commission, de mettre de côté les intérêts partisans de chaque Etat membre et, enfin, d’élaborer une politique commune en matière d’immigration et de défense. Des domaines dans lesquels l’Union est pleine de contradictions. Comment permettre, en effet, la liberté de circulation des personnes sans politique commune d’immigration ? Comment devenir une puissance respectée internationalement sans politiques étrangère et de défense communes fortes ?

Mais pour Romano Prodi, les pays membres ne sont pas encore prêts à franchir ces pas. L’Europe craint, même inconsciemment, de devenir pluriethnique. « Elle n’a pas encore vu la force que représente l’immigration pour le monde économique et social. » Même constat de statu quo pour la défense européenne. Et à l’aube d’une nouvelle ère communautaire, Romano Prodi est pessimiste : « Les divisions de l’Union européenne ces dernières années ont prouvé que la défense est vraiment le dernier domaine dans lequel les pays abandonneront leur souveraineté. Quarante ou cinquante années seront encore nécessaires pour l’Union avant de se prévaloir d’une politique étrangère commune forte. »

Une référence chrétienne « légitime »

C’est de façon chaleureuse et approbatrice que le public a accueilli ce discours. Une assemblée qui a redoublé d’attention lors des questions sur la Constitution européenne et plus particulièrement sur l’absence de référence chrétienne dans celle-ci. On sait que le débat sur les racines chrétiennes de l’Union a été houleux lors de la rédaction du texte. Pour Romano Prodi, il était tout simplement « impossible » de mentionner cette référence chrétienne sans choquer la sensibilité de certains pays… à son grand regret. Pour lui, cette référence aurait été positive et bien légitime. Preuve encore que le président sortant de la Commission a acquis une grande liberté de parole. Et comme pour se faire pardonner face à un public acquis à cette cause, il insistera sur l’article 51 du futur traité constitutionnel qui reconnaît l’Eglise et qui garantit la pratique religieuse dans l’Union.

L’ouverture de l’Union européenne au monde, l’accroissement de la solidarité entre les Etats membres et la conservation d’Etats sociaux seront les défis des années à venir. Des défis, a conclu le président sortant de la Commission, que les pays membres ne pourront plus relever seuls mais uniquement placés sous la force de l’Union élargie et solidaire.

Vinciane Colson

L’Européenne de Bruxelles

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