Dossier Europe

Conclusions de la session 2017 « Quelle Europe voulons-nous ? »

Dimanche 19 Novembre 2017 – Quelle Europe voulons-nous ? – 92ème session.

Cette année, la conclusion de la session se faisait à trois voix, avec Henryk Woźniakowski, éditeur et essayiste polonais, Emelyn Weber, responsable du Groupe des organisations étudiantes et mouvements de jeunesse au CESE et Dominique Quinio, présidente des Semaines Sociales de France.

—-Henryk Woźniakowski : J’aimerais en commençant, congratuler Dominique Quinio et Philippe Segretain pour leur grand courage, dans les conditions actuelles, de confier à un Polonais une des conclusions de cette session… J’ai reçu comme vous tous un très riche contenu concernant la réflexion sur l’Europe – telle qu’elle est et telle que nous aimerions qu’elle soit, qu’elle se fasse. Je préfère dire « nous aimerions » plutôt que « nous voudrions » qu’elle soit car en écoutant ce qui vient d’être dit, je m’assure que la raison raisonnante est là, mais la composante de l’engagement amoureux semble aussi fondamentale. Aimons-nous l’Europe ? C’est-à-dire : sommes-nous prêts à sacrifier pour elle un peu de nous-mêmes, de notre vie, de notre temps, de nos efforts ? Je n’ai pas de doute que cette session et ses participants répondent positivement à cette question. Mais aimons-nous l’Europe telle qu’elle est, avec ses faiblesses, ses impuissances, avec ses crises récurrentes, mais aussi avec son potentiel de redressement, de développement pour avancer vers des horizons jusqu’alors inaccessibles ? Donc, voulons-nous une Europe réelle ? Ou bien n’aimons-nous qu’une idée de l’Europe, celle qui est en harmonie avec nos options idéologiques et nos sympathies politiques. La question me semble pertinente. Dans nos débats, il y avait un équilibre rassurant entre, d’un côté, la vue d’ensemble, avec la perspective de valeurs communes, la vision du projet européen comme si c’était une cathédrale en cours de construction, selon les termes d’Enrico Letta et, d’un autre côté, l’Europe du quotidien, dans ses applications très concrètes ou dans un large éventail de projets proposés par les jeunes.

Cet équilibre démontre, me semble-t-il, malgré ses lacunes, l’engagement pour l’Europe telle qu’elle existe. Pourtant cette option en faveur de l’Europe réelle n’est pas évidente. Je pense par exemple à la déclaration récente intitulée The Paris Statement et signée par un groupe d’intellectuels et politiciens européens, catholiques français connus dans cette salle – Rémi Brague, Chantal Delsol, Pierre Manent, François Benetton. Un des reproches qu’on pourrait faire à ce document – qui est par ailleurs un excellent résumé de l’attitude conservatrice –, c’est qu’il dédaigne presque tout ce qui constitue la réalité européenne d’aujourd’hui, l’Europe réelle présentée ici par Mme la ministre Nathalie Loiseau, en faveur d’une certaine idée de l’Europe homogène par sa culture et sa religion qui puisse être attirante à certains égards, mais qui ne restera qu’imaginaire. Ceci dit, ne devrait-on pas se pencher et réfléchir sur les craintes identitaires qui émergent de ce document puisqu’elles sont présentes bien au-delà des cercles intellectuels. Mais, même compréhensibles, ces craintes ne justifient nullement les trahisons de la solidarité européenne et humaine sur le problème migratoire.

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