Dossier Rencontres anuelles

Renouveler le pacte pour l’éducation

Dimanche 20 Novembre 2016 – Ensemble, l’éducation – 91ème session.

Avec François Moog, théologien et doyen de l’institut supérieur de pédagogie à l’Institut catholique de Paris et Julia Kristeva, psychanalyste et écrivaine.Président de séance : Étienne Loraillère, directeur de la direction de KTO

Étienne Loraillère : Julia Kristeva, vous vous définissez comme une humaniste agnostique et, à ce titre, le pape Benoît XVI vous avait invitée à participer à l’une des rencontres d’Assise, en 2011. On se souvient de votre discours à la basilique Sainte Marie des Anges, proposant dix principes pour l’humanisme du XXIe siècle face aux crises et aux menaces aggravées qui pèsent sur nos sociétés. Nous vous écoutons sur le sujet du pacte éducatif.

Julia Kristeva : Comment rejoindre cette riche semaine de réflexion que nous sommes invités à clôturer ? Je pense à ma présence aux rencontres inter-religieuses à Assise, où je représentais la première délégation de non-croyants, invitée, en ces lieux, et aux paroles du pape Benoît XVI qui m’ont beaucoup impressionnée : « Personne n’est propriétaire de la vérité. » J’ai entendu ces propos non pas comme une invitation au relativisme, mais comme une reprise dans les temps modernes de quelques propos que je garde au coeur de mes lectures de Saint Augustin. La première pourrait être l’exergue de mon livre : in via in patria, « une seule patrie, le voyage ». Et quand il décrit la prière catholique il dit cette autre phrase qui nourrit mon enseignement : quaestio mihi factus sum « je suis devenu question pour moi-même ». Je crois que ces deux citations auraient pu être le résumé de votre pacte éducatif tel que vous le proposez à l’opinion et aux politiques.Je vais présenter quelques idées que l’humaniste que je crois être retrouve dans votre projet et votre action et qui nous invitent à essayer de nous rassembler. J’espère me situer dans cet esprit en vous confiant quelques réflexions sur l’humanisme sécularisé et ses difficultés – que je connais, assume et interroge – à répondre au besoin de croire et à son dévoiement dans la radicalisation terroriste. Je ne les confonds pas, il y a un besoin anthropologique de croire, que les religions ont analysé, parfois exploité ou optimalisé à leur façon et il y a le dévoiement de ce besoin de croire dans la radicalisation terroriste. Je vous ferai part de mon séminaire « Besoin de croire » qui a été déplacé de l’Université Paris 7-Diderot à la Maison de Solenn, Maison des adolescents (Hôpital Cochin) à Paris.

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