Dossier Rencontres anuelles

L’Europe : quelle responsabilité dans la transition écologique ?

Dimanche 19 Novembre 2017 – Quelle Europe voulons-nous ? – 92ème session.

Avec Gaël Giraud, chef économiste de l’Agence française de développement.Président de séance : Philippe Segretain, pilote de la session « Quelle Europe voulons-nous ? »

—-Philippe Segretain : Après avoir essayé de cerner le sujet de notre responsabilité collective en matière de défense et de sécurité, il nous est apparu important de travailler sur notre responsabilité en matière de transition écologique. Gaël Giraud, vous êtes chef économiste de l’Agence française de développement, l’outil de l’aide française vers les pays du Sud et du Sud-Est. Vous êtes docteur en mathématiques appliquées et vous avez décidé de quitter le monde de la banque et de la mathématique appliquée à la banque pour rejoindre la compagnie de Jésus. Vous mettez vos compétences statistiques au service du tiers-monde et à des pays comme le Tchad qui vous a marqué quand vous étiez jeune. Pour vous qui êtes un militant de la transition écologique, l’Europe est-elle un outil pertinent pour la mettre en oeuvre ?

Gaël Giraud : Je vais aborder deux points : les défaillances de la zone euro, et donc en partie du projet européen ; puis, pourquoi, de mon point de vue, la transition écologique peut devenir le projet politique européen capable de surmonter ces défaillances.

Les défaillances de la zone euro

Quand on a construit la zone euro, on a fait le pari que cette unification monétaire permettrait de faire converger les systèmes économiques, industriels en particulier, de tous les pays de la zone. Il s’avère que cela ne fonctionne pas bien. On constate une divergence croissante là où on espérait une convergence. Cette divergence est en grande partie responsable de l’explosion des dettes publiques dans les pays du Sud. L’une des racines du problème est qu’il faut garder à l’esprit que la création monétaire n’est jamais neutre – au sens où elle a un impact sur l’emploi, la croissance et les dettes privées. Séparer la politique monétaire d’un côté et budgétaire de l’autre – ce que nous avons fait en déclarant la Banque centrale européenne indépendante des politiques budgétaires que nous avons laissées aux États – a peu de sens d’un point de vue économique. Il y a des racines historiques à cette situation, notamment la décision par les Alliés d’imposer l’indépendance de la Bundesbank à l’Allemagne de l’Ouest après la seconde guerre mondiale, par crainte que le pouvoir politique allemand ne se ressaisisse de la planche à billets pour financer des choses peu sympathiques. D’un point de vue économique, je ne vois toujours pas pourquoi on a déclaré la Banque centrale européenne indépendante. Cela n’aurait du sens que si la politique monétaire pouvait être séparée de la politique budgétaire, ce qui n’est pas possible.

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