Dossier Rencontres anuelles

Interdépendance et solidarité dans les enjeux actuels des négociations

Vendredi 2 Octobre 2015 – Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde – 90ème session

Avec Pascal Lamy, directeur général de l’OMC jusqu’en 2013 et Jean-Michel Severino, directeur général de l’Agence française du développement jusqu’en 2010.Président de séance : Jean Merckaert, rédacteur en chef de la revue Projet

—-Jean Merckaert : Le mot d’interdépendance peut faire peur et apparaître abstrait. Dans l’encyclique Laudato si’, le pape parle de notre « maison commune », ce qui donne une réalité à cette interdépendance. Je le cite : « Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune qu’en ces deux derniers siècles ». Habituellement, quand une maison commune va mal, on se tourne vers le syndic. Puisque notre maison commune va mal, nous nous tournons vers la communauté des États, vers le processus de négociation. Le syndic des États a décidé de faire de 2015 une année clef autour de deux étapes importantes : New York, 15 ans après les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui visaient à diviser par deux la pauvreté ; et Paris avec la COP21 où les États se sont donné rendez-vous pour limiter le réchauffement climatique en dessous des 2 °C. Le syndic fait-il son boulot et le fait-il bien ? En est-il capable ? Est-ce de lui qu’il faut attendre les solutions ? Nous conduit-il à prendre une autre direction comme nous y invite le Pape François ?

Jean-Michel Severino :  Je dirai un mot des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), puis des objectifs de développement durable (ODD). Ces accords internationaux peuvent ressembler à des déclarations molles, mais ces objectifs ont un rôle important dans la dialectique entre l’utopie et le réalisme. Les objectifs de développement durable, en eux-mêmes, et immédiatement, ne vont rien changer à la planète. Le jeu froid et cynique des États, des puissances, de la concurrence, va continuer de se dérouler. Mais nous avons besoin de rêver, de nous projeter, d’espérer dans des mondes meilleurs, afin de nous mobiliser sur les justes causes et être plus efficaces. Finalement, après deux ans et demi de négociations pathétiques, l’ensemble des États membres a adopté une fonction de rêve, une motion d’utopie, exprimée sous un langage technocratique d’objectif. C’est une ambition un peu folle, que du côté de Convergences nous résumons à travers le slogan du triple zéro : 0 exclusion, 0 pauvreté, 0 émission.

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