Dossier Rencontres anuelles

Fil rouge théologique et spirituel – session 2015 – 2e

Vendredi 2 Octobre 2015 – Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde – 90ème session

Avec Claire Sixt-Gateuille, pasteure.

Quel regard portons-nous sur le monde ?

Il y a plusieurs façons de faire de la théologie, c’est-à-dire de parler de Dieu. Parmi elles, il y a la théologie systématique, celle qui s’appuie sur la Bible pour établir des grands principes, qui propose un cadre idéal pour l’Église et pour le monde. Il y a également la forme herméneutique, celle qui aide les gens à interpréter le monde, à discerner et à parler de Dieu de là où ils sont. Aujourd’hui, je vais m’appuyer sur cette deuxième forme de théologie.

Car au fond, la grande question de cette journée, c’est : « Quel regard portons-nous sur le monde ? » De quel point de vue regardons-nous ? Portons-nous des lunettes quand nous le regardons ? Petite question en passant : combien de temps passez-vous par jour à prier ou à méditer la Bible ? Et combien de temps à recevoir de « l’information » par un biais ou par un autre ? À votre avis, quelles sont les lunettes que nous avons le plus souvent sur le nez ? Si nous voulons ré-imaginer le monde, nous devons d’abord commencer par mettre le doigt sur ce qui fausse notre regard, bride notre imagination et freine notre témoignage, sur ce dont nous avons besoin d’être libérés.

Et aujourd’hui, je vois deux freins : le découragement face à l’état du monde et la peur de mal faire. Ces deux freins ont la même source, un manque de confiance : manque de confiance en Dieu, en sa capacité à changer le monde et même à le sauver, à susciter et inspirer des hommes de bonne volonté ; et manque de confiance en soi, en ses propres capacités à recevoir l’inspiration du Saint-Esprit et à déployer sa créativité à Son service. Nous avons l’impression qu’il faudrait en faire toujours plus alors que nous sommes déjà fatigués.

Être avec

Vous connaissez le récit de l’évangile de Jean 12,1-8, lorsque Marie verse un parfum de grand prix sur les pieds de Jésus, et que Judas la critique en disant : « Il fallait vendre ce parfum pour 300 pièces d’argent et donner l’argent aux pauvres ! » Jésus lui répond : « Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Faut-il choisir entre Jésus et l’action auprès des pauvres, entre le spirituel et le social ? ça ne colle pas vraiment avec la vie de Jésus. Quelle est son attitude habituelle avec les pauvres ? Jésus appelle à les soigner, visiter, accueillir, mais le plus souvent, il les guérit ou mange avec eux. Dans les deux cas, il les rencontre, chacun personnellement. Dans ce texte biblique, Jésus n’oppose pas sa présence à l’attention à porter aux plus pauvres, il distingue simplement entre « donner de l’argent aux pauvres » et « être avec les pauvres ». Il n’invite pas à en faire plus, mais à faire autrement, à être autrement. Et je me permets de croire que c’est l’intuition qu’a aussi le pape François dans Evangelii gaudium, quand il dit : « Je désire une Église pauvre pour les pauvres. » Il appelle à être avec, plutôt qu’à donner à. Et alors, la question de la dignité humaine n’est plus simplement une question de droits (de l’Homme), une question un peu abstraite, elle devient une question de regard et de relations, une question très concrète.

[…]

Téléchargez le texte de la conférence ci-après.

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