Dossier Rencontres anuelles

L’homme et les technosciences – Ouverture de la session

Vendredi 21 Novembre 2014 – L’homme et les technosciences – 89ème session

Avec  Mgr Laurent Ulrich archevêque de Lille, chancelier de l’Université catholique de Lille,  Denis Vinckier président des Semaines sociales NordPas de Calais et Jérôme Vignon président des Semaines sociales de France

L’Archevêque de cette ville, qui est aussi le chancelier de cette Université catholique qui nous reçoit, se réjouit particulièrement de vous y accueillir. C’est à Lille qu’un petit nombre de chrétiens furent, avec ceux de Lyon, les premiers artisans d’une mobilisation de l’Église en faveur de son enseignement social dans l’acte fondateur des Semaines sociales : nous en avons marqué le centenaire il y a juste dix ans dans une session remarquable aux dimensions européennes. À Lille aussi, je ne peux faire moins que de faire référence à l’accueil que reçut ici le célèbre rapport du sociologue Louis Villermé évoquant – dès 1840 ! – la pénibilité des conditions de travail des ouvriers des manufactures en cette ville. Permettez-moi de ne pas prolonger les rites de cet accueil pour amorcer d’emblée avec vous cette réflexion qui doit se développer durant les trois jours qui suivent à partir du thème choisi : L’homme et les technosciences, le défi. Au premier abord, ce thème nous a attirés, vous et moi, dans un univers déroutant, comme l’écrivait Jean-Pierre Rosa dans La Lettre des Semaines sociales de juillet dernier. Mais il ajoutait aussitôt : cet univers qui pourtant modèle déjà notre vie ! Notre conscience a besoin d’être affinée sur ce sujet, notre vie est déjà modelée par ces technosciences. Et nous mesurons qu’il devient urgent de tirer le meilleur parti de cette situation sans jamais perdre de vue le bien et le bien commun de notre humanité. Loin de se laisser aller à une sorte de phobie des technosciences, nous mesurons l’enjeu qu’il y a de ne pas être victime d’une sidération devant la rapidité de l’évolution à laquelle nous assistons.

Devant le président-recteur de cette Université catholique, je peux naturellement évoquer la transition fulgurante née de la combinaison des technologies de la biologie, de l’information et de la connaissance. Mais cette transition s’accompagne-t-elle aussi vite de la transmission des sagesses qui font vivre ? Je ne fais pas la session avant la session, mais je présume que beaucoup ici sont venus avec quelques questions de ce genre. Chaque mutation technologique entraîne une mutation culturelle et sociale. Alors ne revient-il pas aux chercheurs que nous sommes, notamment en raison d’une foi qui est une confiance dans l’aventure humaine que permet le Créateur, de mobiliser l’opinion sur ces enjeux majeurs : l’impact de la vitesse sur nos décisions, l’écart risqué entre la transmission et l’accueil des technosciences ? Des anthropologies nouvelles se substitueront-elles à celles que nous avons véhiculées, à celles qui nous ont été léguées ? En viendra-t-on à jeter une forme de discrédit sur notre histoire par exemple ? Or cette expérience humaine peut-elle être à ce point écartée ? Permettez-moi de reprendre cette question, telle que je la formule dans des pages récemment publiées : « Penser l’homme sans son histoire, sans sa culture, sans sa conscience, sans sa nature, sans références souvent fondamentales pour son existence, tient davantage à une immaturité qu’à une réelle liberté. Penser par exemple que nos repères et nos valeurs ne seraient que des « butoirs » à dépasser ne conduit pas automatiquement à de meilleurs équilibres entre la nature et la conscience ! [1]»

  1. Laurent Ulrich, L’espérance ne déçoit pas, Bayard, 2014, p.79.

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