Dossier Europe

Face aux menaces, agir aux bons niveaux

Ces dernières années, le monde se trouve confronté à des menaces inédites pour les générations actuelles :

– Une pandémie partie de Chine et ayant atteint rapidement le monde entier, notamment du fait de la mobilité humaine liée au transport aérien, pandémie qui se prolonge par vagues successives, avec une gravité dépendant des mesures prises par chaque Etat, et qui ébranle même le pouvoir autocratique chinois.

– Une guerre, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, sur le sol européen, avec remise en cause des frontières internationalement reconnues et menace d’utilisation par la Russie de l’arme nucléaire.

– La négation du multilatéralisme par des autocrates à la tête de pays majeurs, avec l’emprise de Vladimir Poutine sur la Russie, de Xi Jinping en Chine, sans oublier Erdogan et même s’ils ne sont plus au pouvoir Trump et Bolsonaro.

– La confirmation des menaces dues au dérèglement du climat dans un monde qui ne pas à prendre les mesures indispensables pour limiter le réchauffement climatique, gérer l’eau et les pollutions.

– Une crise énergétique mondiale avec la nécessité de réduire la dépendance du monde développé aux énergies fossiles aggravée par la guerre en Ukraine.

– Le retour de l’inflation exacerbe les tensions sociales, accroit le protectionnisme et menace les équilibres budgétaires

L’Europe agit

Face à ces menaces, qui dépassent la capacité de réaction de chaque pays, l’Europe a réagi de façon concrète, souvent rapidement, même si les règles démocratiques engendrent des débats confus :

– Coordination européenne de la lutte contre la Covid 19, notamment pour l’achat de vaccins et répartition des commandes entre chaque Etat ; cette action, dans un domaine hors des compétences de l’Union, a ensuite conduit à une prise de conscience de la dépendance de l’Europe au reste du monde et à une orientation de re-localisation de production de matières actives pharmaceutiques, comme le paracétamol.

– Réaction commune face à l’agression russe, avec mise en place de sanctions, accueil des réfugiés et fourniture d’armes à l’Ukraine, même si tous les pays européens n’ont pas le même niveau d’engagement vis-à-vis de ce conflit.

– Pacte vert (Green Deal) pour l’Europe, avec comme objectif la neutralité carbone en 2050, et un objectif intermédiaire de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, le Conseil Européen ayant acté la nécessité de mettre en place un cadre facilitateur pour assurer une transition qui soit efficace au regard des coûts, ainsi que socialement équilibrée et équitable.

– Avec la crise Covid en 2020, efforts de synchronisation des politiques monétaires et budgétaires au niveau de la zone euro, combinant un soutien budgétaire historique aux niveaux national et européen (cf. le paquet NextGenEU et l’instrument SURE), et un programme d’achats d’urgence (Pandemic Emergency Purchase Programme).

– Dans le contexte de la pandémie et de la crise économique, assouplissement considérable des règles budgétaires européennes avec la suspension des mesures stipulant que les États membres doivent limiter leur déficit public annuel à un taux maximal de 3 % du produit intérieur brut et que leur dette globale ne doit pas excéder 60 % du PIB.

Tout n’est pas joué

En dépit de ces efforts, des contradictions subsistent entre les Etats dans bien des domaines, accentuées par la crise économique et le retour de l’inflation :

– Les Etats européens sont aussi tentés par des dérives autocratiques (Hongrie, …) et subissent des poussées nationalistes (Italie, Pologne, Suède, … et aussi en France). Ils n’ont pas tous le même positionnement par rapport à la Chine, à la Russie ou à la Turquie, aussi bien pour des raisons historiques, géographiques qu’économiques ; ils ont même du mal à afficher une position européenne ferme devant le renforcement du protectionnisme américain.

– La crise énergétique conduit à repousser la mise en place de mesures de réduction d’emploi des énergies fossiles, avec un recours au gaz de schiste, et aux centrales thermiques fonctionnant au charbon ou au lignite.

– Les pays européens se referment avec des mesures inhumaines aux frontières et n’ont pas réussi à ce jour à mettre en place une politique commune face à l’immigration. Ils montrent peu de solidarité, chacun étant focalisé par des perceptions politiques nationales.

– En Europe, les changements à apporter aux règles budgétaires précédentes ne font pas l’unanimité, ni dans les principes, ni dans les échéances.

– L’inflation accroit les inégalités en menaçant le pouvoir d’achat et en aggravant la précarité des plus démunis, ce qui rend nécessaire des soutiens spécifiques.

– Les tensions mondiales rendent encore plus difficile la convergence d’efforts pour limiter le réchauffement climatique, même si l’Europe reste le principal levier pour mobiliser les autres continents.

Tout est lié

Il n’y a pas d’échappatoire. Le repli national s’appuie sur des discours démagogiques qui profitent de ces tensions et exacerbent la xénophobie, mais n’apportent pas de solution.

Nous devons à la fois :

– agir au niveau local et national, notamment pour que les mesures prises au plus près des réalités, soient ciblées pour protéger les plus pauvres qui sont les plus menacés ;

– renforcer l’Europe, sa capacité de décision et d’action, surmonter les divergences entre pays, car le niveau européen est le seul qui dispose des institutions et des moyens pour agir à la hauteur des enjeux.

Tout est lié, comme le souligne souvent le pape François. « Tout est lié. Il faut donc une préoccupation pour l’environnement unie à un amour sincère envers les êtres humains et à un engagement constant pour les problèmes de la société » (Laudato Si n° 91).

Commission Europe des Semaines sociales de France

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