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Les faits marquants du Dimanche matin

Synthèse du dimanche matin de la session 2003 des Semaines Sociales de France, « L’argent ».

Après la messe présidée par Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, deux femmes se sont succédé à la tribune pour répondre à la question : « Peut-on concilier innovation financière et innovation sociale ? » Maria Nowak, présidente de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique), a évoqué le micro-crédit. Nicole Notat, a présenté les objectifs des agences de notation sociale et environnementale des entreprises, à travers son expérience à la tête de celle qu’elle a créée, Vigeo.

Prêter l’argent autrement

Maria Nowak est parti de plusieurs constats :

* la charité n’est pas suffisante pour venir à bout des problèmes d’exclusion

* les exclus ont les poches vides mais la tête pleine d’idées

* trois milliards d’hommes n’ont pas accès au crédit dans le monde

L’Adie a été crée en 1988 pour permettre aux plus pauvres d’emprunter des petites sommes d’argent (de 5 000 à 20 000 euros). En quinze ans, l’association a permis la création en France de 20 000 entreprises, dont 5 000 en 2003. 75% de ses clients sont RMIstes ou chômeurs longue durée et 17% illettrés. Grâce à l’Adie, des sociétés ont vu le jour dans des domaines parfois très originaux : fabrication d’armures, production de vin mousseux au sureau, dentiste pour chevaux…

Selon Maria Nowak, la solidarité de l’association est contagieuse : « Un béninois que nous avions aidé a crée un fond de crédit dans son village africain ! » Elle se réjouit de certains succès, comme celui de ce beur de Mantes-la-Jolie, aujourd’hui à la tête d’une compagnie de taxis employant trente personnes.

Les obstacles au micro-crédit

Pourtant, plusieurs facteurs s’opposent au développement du micro-crédit, comme la complexité administrative. En France, quelqu’un qui veut devenir vendeur de pizza ambulant doit rencontrer pas moins de 12 institutions différentes ! Autre sujet d’inquiétude : le déficit budgétaire et la décentralisation remettent en cause les aides publiques à l’Adie.

Mais Maria Nowak croit qu’il est possible de « remplacer le cercle vicieux de la pauvreté par le cercle vertueux du micro-crédit, pour permettre aux plus pauvres de retrouver leur dignité, leur citoyenneté économique. » 10% de la population active française est issue des quartiers défavorisés. Le micro-crédit peut aider les plus défavorisés à s’intégrer dans le système économique par ses trois vertus : donner des moyens financiers, faire confiance et se projeter dans l’avenir.

Entreprises responsables

Notat

Nicole Notat a expliqué sa décision de créer Vigeo, agence de notation sociale et environnementale des entreprises. Les scandales écologiques et financiers des dernières années ont montré que la mondialisation n’est pas assez régulée. Certaines multinationales craignent que l’impact négatif de leurs activités ne ternissent leur image.

Des fonds d’investissement socialement responsables se sont mis en place au cours des années 1990, rassemblant des titres d’entreprises respectueuses de l’environnement, de leurs salariés, fournisseurs, sous-traitants… De plus en plus, les gestionnaires d’actifs ont besoin d’information pour sélectionner ces titres. C’est le but des agences de notation. Pour Nicole Notat, il s’agit d’une activité jeune, vouée à se développer en partenariat avec la puissance publique, « pour atteindre les objectifs communs de la planète ».

A l’issue de ces deux récits d’expérience, remerciements et offres de service adressés à Maria Nowak ont afflué parmi les questions. La séance a permis d’apprendre que le taux d’intérêt des micro-crédits est le même que celui du marché et que le taux de remboursement est supérieur à celui observé par les banques qui financent la création d’entreprises. « Les pauvres remboursent mieux que les riches ! », affirme Maria Nowak. Nicole Notat a expliqué qu’elle recueille l’information auprès des dirigeants, syndicats et ONG pour noter une entreprise.

Réactions

Julien Couard, étudiant en droit à Aix-en-Provence prépare une thèse sur « les communautés religieuses et le monde des affaires. » Il a apprécie la conférence, car « les gens sont souvent mal informés sur ces questions alors qu’ils s’y intéressent beaucoup. » Pour Nicole Catuhe, retraitée à Pau, l’intervention de Nicole Notat faisait un peu « promotion de sa propre entreprise. » Mais ses « motivations philosophiques et sociales » l’ont convaincu.

Changer le système financier international

camdessusMichel Camdessus, ancien directeur du FMI (Fonds monétaire international) et président des SSF est intervenu en fin de matinée. Sur un ton résolument optimiste, il a considéré que « changer le système financier international est une des clés de la mondialisation de la solidarité. » Il a développé trois axes :

* organiser des transferts de ressources suffisants pour financer le développement

* organiser la prévention des risques de crises financières

* démocratiser les institutions mondiales

Le transfert des ressources aux pays en développement doit prendre la forme d’un partenariat, pas d’une assistance. L’exemple du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique) prouve que c’est possible. Plusieurs engagements ont aussi été pris avec les pays du sud, comme ceux du millénaire, à New York en 2000. Ils visent notamment à une baisse de 50% du nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté d’ici 2015.

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