Du labeur pour 2020
Il y a un an, à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse au Panama, le pape François s’inquiétait d’une « lassitude de l’espérance » qui peut nous saisir devant les incertitudes et les complexités de notre monde. Elle pourrait nous envahir, cette fatigue, devant la litanie des violences qui meurtrissent tant de pays dans le monde ; elle pourrait nous paralyser devant la réalité d’un pays divisé, cloisonné en « catégories sociales » isolées les unes des autres, marqué par des inégalités qui perdurent, inapte au dialogue social apaisé et constructif.
Ce pays de France, devenu archipel, selon le mot de Jerôme Fourquet, intervenant à la rencontre des Semaines sociales de Lille, en novembre dernier, a perdu confiance en ses dirigeants, en ses représentants, en ses institutions, en lui-même peut-être. Les instances et les lieux où peuvent se rencontrer et se parler des personnes venus d’horizons divers font défaut. Pourtant, des individus, des associations, des groupes informels font vivre de tels lieux et tissent des liens fraternels : cela aussi, nous l’avons vécu à Lille. Beaucoup, explicitement ou implicitement, en s’alliant avec d’autres, le font au nom de leur foi, nourrie de l’enseignement social chrétien.
Tout au long de l’année, les Semaines sociales de France continueront à mettre en lumière ce qui peut contribuer à faire société, dans un univers pluraliste dans lequel le catholicisme est devenu minoritaire ; à rechercher ce qui peut contribuer au bien commun, au bien de tous, en commençant par celui des plus fragiles. En novembre prochain, c’est à Versailles que nous tirerons les leçons de ces réflexions et que nous nous autoriserons à interpeller tous ceux qui ont en mains les moyens de faire bouger les choses.
« Dans le monde occidental postchrétien qui est le mien, écrivait dans « l’Eglise au cœur » Bruno Chenu théologien et journaliste, l’Eglise (…) va-t-elle pour autant sombrer dans l’insignifiance et la désespérance ? La communauté chrétienne aura un avenir à la mesure de sa foi et de son labeur ».
Comme tout au long de leur longue histoire, les Semaines sociales feront leur part de ce labeur.
En ce temps traditionnel où s’échangent des vœux pour l’année qui s’ouvre, souhaitons- nous de conserver – ou de retrouver – l’élan de l’espérance.
Dominique Quinio, présidente des SSF
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