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Dossier Pensée sociale chrétienne
Robert Prevost a été désigné pour succéder à François et est ainsi devenu, le 8 mai 2025, 267e pape, sous le nom de Léon XIV. En choisissant de s’inscrire sous le patronage du pape Léon XIII, Léon XIV colore son pontificat d’une lumière sociale. Rappelons que les SSF ont été fondées à la suite à la suite de Rerum Novarum, la première encyclique sociale, publiée par le pape Léon XIII.
La référence à Léon XIII
Dès ses premiers mots en tant que pape, Léon XIV a marqué les esprits par trois accents forts : son appel insistant à la paix et au dialogue, sa volonté de poursuivre l’orientation de François et sa référence à l’auteur de l’encyclique inauguratrice de la « doctrine sociale de l’Église » (Rerum Novarum, Léon XIII, 1892). Deux jours après son élection, il déclare au Collège cardinalice que « de nos jours l’Église offre à tous son héritage de doctrine sociale, pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail ». Léon XIV annonce la couleur : les valeurs de l’Évangile permettent de chercher des points d’équilibre en matière sociale et d’établir des principes forts pour guider l’action politique. La doctrine sociale, comme il aime la nommer, est un trésor pour tous en ces temps de révolution numérique.
L’enfant de Chicago et l’ami du peuple latino
Léon XIV est issu d’une famille de classe moyenne, de parents éducateurs et enseignants d’origine très mélangée (créole, italienne, …). Son quartier, à majorité blanche en 1980 (90 %), a connu des changements radicaux à la suite des révolutions industrielles, s’afro-américanisant presque entièrement (90 % en 2020).
Au Pérou, comme missionnaire augustinien, il montre un vif intérêt pour la culture locale et l’accompagnement du peuple.
Ayant été proche de Gustavo Guttiérrez qui fut l’instigateur de la théologie de la libération, le futur pape s’inscrit dans une continuité avec l’approche sociale et libératrice de l’Église. Il a vécu à Trujillo (Pérou) pendant dix ans avec son ami John Lydon, prêtre canadien augustinien dont il a préfacé le livre sur la doctrine sociale.
Devenu pape, il fait sien le diagnostic tranché de François lorsque celui-ci utilisait le terme de « polycrise pour évoquer la nature dramatique de la conjoncture historique que nous vivons actuellement, dans laquelle convergent les guerres, le changement climatique, les inégalités croissantes, les migrations forcées et contrariées, la pauvreté stigmatisée, les innovations technologiques perturbatrices et la précarité du travail et des droits ».
La doctrine sociale permet à l’Église d’assurer son « devoir permanent de scruter les signes des temps, de les interpréter à la lumière de l’Évangile afin d’apporter des réponses adaptées aux interrogations » des hommes.
Une doctrine sociale pour le discernement
Dans cette préface et récemment devant la fondation « Centesimus Annus », Léon XIV revient sur
ce qu’il entend par « doctrine sociale ». Il s’agit d’une « culture de la rencontre », seule capable
de sortir des ornières dans lesquelles « beaucoup de nos contemporains » sont enlisés. Il s’agit d’une ouverture au sens critique dont le nouveau pape souhaite la redécouverte. C’est, dit-il, un « cheminement commun, choral et même pluridisciplinaire vers la vérité ».
La doctrine s’oppose à l’endoctrinement qu’il qualifie « d’immoral » car empêchant tout jugement critique et tout changement. Il présente la doctrine sociale de l’Église comme « un instrument de paix et de dialogue pour construire des ponts de fraternité universelle ». La doctrine sociale permet à l’Église d’assurer son « devoir permanent de scruter les signes des temps, de les interpréter à la lumière de l’Évangile afin d’apporter des réponses adaptées aux interrogations » des hommes. Elle est à l’écoute de « ceux qui sont loin des centres de pouvoir » et des pauvres, « trésors de l’Église et de l’humanité, porteurs de points de vue rejetés, mais indispensables pour voir le monde avec les yeux de Dieu », pour les instruire dans la doctrine sociale d’une part, mais aussi pour les reconnaître comme « ses continuateurs et ses actualisateurs ».
Et Léon XIV précise : « Les mouvements populaires et les diverses organisations catholiques de travailleurs sont l’expression des périphéries existentielles où l’espérance résiste et germe toujours. Je vous exhorte à donner la parole aux pauvres. »
Un souffle pour l’agir social chrétien
Les critères de discernement pour notre action personnelle ou collective restent les mêmes dont la dignité humaine, l’option préférentielle pour les plus pauvres ou le bien commun. La dignité au travail ainsi qu’un travail « dignifiant » et respectueux de la planète sont nos repères et objectifs pour une économie et une société juste et bonne pour tous. Mais Léon XIV nous offre déjà des accents nouveaux : « dire « non » à la guerre et « oui » à la paix, « non » à la course aux armements et « oui » au désarmement, « non » à une économie qui appauvrit les peuples et la Terre et « oui » au développement intégral » (Discours du 19 mai aux autres Églises).
La question de l’intelligence artificielle
Malgré le peu de discours déjà prononcés par Léon XIV, le défi posé à l’humanité par l’intelligence artificielle est clairement au cœur de ceux-ci. La révolution numérique nous renvoie à Léon XIII ou à François et aux COP sur le climat. Il s’agit de bouleversements mondiaux, qui bénéficient aux puissants et ultra-riches mais génèrent une nouvelle classe prolétaire : « À tout cela, il faut ajouter la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce, devenus le partage d’un petit nombre de riches et d’opulents, qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires. » (RN 2)
L’IA, tout comme la crise climatique, appelle à une juste transition, où les plus vulnérables ne sont pas de simples kleenex, comme le disait François en parlant de culture du déchet. Mais l’IA, tout comme l’écologie, interpelle notre propre théologie chrétienne, notre rapport à la terre, notre maison commune mais aussi notre vision de l’homme et de la femme. Qu’est-ce que l’humanité dans un monde limité en ressource, dans un monde artificialisé ?
Clairement, la grande question est celle de l’incarnation.
Jacques Debouverie, urbaniste, bénévole
et Marcel Rémon, directeur du CERAS (Centre de Recherche et d’Action Sociales) et membre du Conseil d’administration des SSF
Article issu de La Lettre trimestrielle de janvier (pour la recevoir dans votre boîte aux lettres, adhérez aux SSF !)
L’intelligence artificielle, installée jusque dans les recoins de nos vies
Fin des illusions et chaos du monde : les défis et les ressources de l’Europe
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« L’élection de Léon XIV représente un tournant de la pensée sociale de l’Église »
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