Dossier Pensée sociale chrétienne

La pensée sociale chrétienne : pertinente, actuelle, accessible

Ces dernières années des formations visant à faire découvrir la Pensée Sociale Chrétienne (PSC) à divers publics se sont développées notablement. Retour sur l’impact de celles-ci par Geoffroy d’Aillières, acteur de plusieurs de ces formations depuis 3 ans.

Mon expérience d’enseignant/formateur en PSC remonte au début de l’année 2016. Depuis cette période j’ai fait découvrir la PSC à 350 personnes : 210 étudiants en économie, droit et gestion à Angers et Paris, 100 chefs d’entreprise en France ou à l’étranger et 40 chrétiens adultes à Angers. Ces formations se sont déroulées en général avec des cursus assez approfondis, de 7 à 40 heures. L’enseignement ou la formation comporte 3 grandes parties :

  • L’anthropologie chrétienne et les 4 grandes valeurs de la PSC : la liberté, la justice, l’amour et la vérité
  • Les 6 principes de la PSC : dignité de l’homme, recherche du bien commun, subsidiarité et participation, destination universelle des biens, solidarité.
  • Ses grands domaines d’application : la famille, la vie sociale et politique, le travail et l’économie, l’entreprise, la communauté internationale et l’environnement : plusieurs intervenants issus de l’entreprise ou de la société civile y interviennent pour donner leur témoignage sur la façon dont ils mettent en pratique la PSC dans ces domaines.

Pour les dirigeants chrétiens (EDC), qui fonctionnent en équipe, le choix du mouvement s’est porté sur une formation socle d’une journée, centrée exclusivement sur les 6 principes, destinée à ouvrir un parcours de réflexion en 6 réunions d’équipe, alimenté par une plaquette « La PSC en entreprise ».

Un trésor pour changer le monde, un discours universel qui s‘adresse à tous….

Tels ont été les commentaires globaux des participants à ces formations. Ils trouvent la PSC actuelle, pertinente pour éclairer les défis de notre temps, intéressante et en permanente évolution. Les jeunes en particulier sont très réceptifs, certains qualifiant la PSC de « bagage pour l’avenir ». Elle intéresse les chrétiens, mais aussi fortement les athées et agnostiques, les musulmans, les chinois…, les humanistes en général. Pour les chrétiens, la PSC est reçue comme un appel à « construire la civilisation de l’amour » ; pour les non-chrétiens, elle est reçue comme un ensemble de principes et de réflexions pour construire une société humaniste ; pour ces derniers la PSC donne une image positive de la religion chrétienne.

Allons un peu plus dans le détail sur la réception des différentes composantes de la PSC.

L’anthropologie chrétienne, fondement de tout, est bien reçue. La notion de personne libre et responsable, appelée à l’amour, appelée à grandir et à réaliser dans la relation et l’action avec les autres, parle à chacun. « Chacun a sa place dans la société, à son niveau « résume un des étudiants.

Les principes de la PSC, individuellement et dans leur complémentarité, retiennent beaucoup l’attention. Le principe-socle de la dignité de l’homme, ainsi que le principe de la recherche du bien commun sont considérés comme des principes majeurs pour construire une société humaine. Le principe de la recherche du bien commun est aisément mis en relation avec la notion de « responsabilité sociale/sociétale « qu’il a inspiré, et qui est recherchée par nombre d’entreprises et d’organisations. Parmi les principes plus « applicatifs », celui de la subsidiarité est considéré comme majeur, autant par les étudiants et les chrétiens adultes que par les dirigeants d’entreprise. Pour ces derniers, c’est le principe le plus applicable dans le management et l’organisation des entreprises ; de plus, il est facilement compréhensible et accessible par toute personne, en dehors de toute référence chrétienne. Autre principe d’application concrète, la destination universelle des biens: l’option préférentielle pour les pauvres et la réflexion sur les limites du droit de propriété, interpellent chacun sur sa responsabilité envers les autres en fonction de ce qu’il a reçu ou acquis.

De nombreux chefs d’entreprise soulignent combien ces principes donnent du sens et de la cohérence sur des pratiques humanistes qu’ils essaient de mettre en œuvre depuis des années; ceux-ci leur donnent aussi des pistes d’actions nouvelles pour eux-mêmes et leurs collaborateurs. Les étudiants, de même, confrontés à la vie des organisations dans les associations étudiantes et au cours de leurs stages, réalisent combien ces principes leur donnent des clés de lecture utiles pour leur vie actuelle et future.

L’étude des domaines d’application de la PSC est riche d’enseignement pour tous. Découvrir que l’Eglise, et les chrétiens en général, ont construit au fil des siècles une réflexion structurée et cohérente sur la famille, la place du travail dans la vie de l’homme, le rôle des syndicats, la vie politique et sociale, la finance, l’environnement …. est une révélation pour nombre d’étudiants et de stagiaires. Plusieurs trouvent dans le Compendium de la Doctrine sociale de l’église ou dans le manuel »DOCAT » des outils très utiles pour creuser tel ou tel point. Parmi les points qui retiennent l’attention des hommes d’entreprise et des étudiants, la vision chrétienne du travail. Selon celle-ci le travail est une activité dans laquelle chacun se réalise et construit avec les autres des produits et services pour l’humanité, et fait vivre sa famille : cette vision leur donne matière à réflexion et leur permet de donner du sens à leur travail et à celui de leurs collaborateurs. L’approche chrétienne de la vie internationale – la communauté internationale – est une découverte majeure, et une approche nouvelle de la question de migrants si présente en ce moment.

Enfin l’étude de Laudato Si’ – incontournable – marque les esprits, non seulement par l’approche chrétienne de l’environnement (la création, confiée aux hommes), mais aussi par sa vision accessible, pertinente – et percutante – des défis actuels de l’humanité, des sources de ses maux… Les participants, et tout particulièrement les jeunes, se sentent concernés par ce texte et par la nécessité d’une conversion globale de chacun sur son « style de vie ». La notion d’écologie intégrale est perçue comme une approche très intéressante.

Dans ces enseignements et formations, la confrontation entre les étudiants et des adultes témoignant de leur engagement dans la mise en œuvre de la PSC est un vrai « plus » : les étudiants sont touchés d’entendre de l’action concrète à partir des concepts présentés, et les adultes sont motivés pour partager les repères que la PSC leur donne pour conduire leur vie en société.

—-Par Geoffroy d’Aillières, ancien responsable du département formation continue des SSF (2012-2015) et responsable de l’antenne des Semaines sociales en Anjou.

Les plus récents

Voir plus