Dossier Europe

Encourageons le chemin synodal allemand

L’Eglise catholique allemande est engagée depuis 2019 dans une démarche originale de réforme struc-turelle par ce qu’elle nomme son « chemin synodal »; cette dénomination découle du choix assumé de ne pas recourir à la formule canonique d’un synode et de la volonté de « prendre son temps ». Celui-ci devrait conduire sans doute à la fin de 2022 , à Francfort, à l’adoption par vote de résolutions concrètes dont la majorité devrait concerner les pratiques et l’organisation quotidienne de la vie des diocèses, ce qu’on pourrait appeler leur style de vie : relations entre clercs et laïcs et questionnement sur ‘être prêtre aujourd’hui’, mise en valeur du rôle joué par les femmes , mise en place de contrepouvoirs dans l’exercice des décisions touchant à l’administration et au choix pastoraux; à cela s’ajoute le quatrième thème touchant à la morale sexuelle, le tout dans le sens d’une plus grande ouverture à la société . Ainsi, la participation des laïcs a été fortement encouragée, par l’organisation d’évènements locaux, diocésains ou d’appel à contributions individuelles. Les propositions qui dépasseraient le cadre de la responsabilité d’une église nationale seront soumises à la considération de l’Eglise universelle, c’est-à-dire à Rome.

Il faut mesurer combien un tel processus n’allait pas de soi et a dû vaincre les résistances non seulement de quelques évêques, mais aussi des laïcs. C’est ce qui est apparu lors d’une rencontre organisée par le réseau IXE, Initiative des chrétiens pour l’Europe, les 12 et 13 mars dernier, à laquelle participaient les Semaines sociales de France. Après des décennies de dialogue formel entre l’épiscopat et le ZdK , association fédérale des catholiques allemands, portant notamment sur le rôle de femmes et qui n’avaient pas donné lieu à des avancées , les laïcs ont d’abord regardé avec méfiance l’offre faite en 2018 par la conférence des Evêques d’Allemagne de s’engager dans une démarche nouvelle. Celle-ci exprimait de la part des Evêques la volonté de répondre au pressant besoin de réformes qui avait embrasé la société allemande après la révélation de l’ampleur des crime sexuels et de leur dissimulation, conduisant au constat d’une crise de « la foi et des abus ». Les deux partenaires ont ressenti un encouragement dans la lettre du Pape François de juin 2019, au ‘Peuple pèlerin d’Allemagne’ soulignant la nécessité d’un dialogue. L’expérience de cette démarche accomplie paritairement depuis janvier 2020, et bénéficiant d’importantes garanties procédurales a d’ores et déjà montré qu’un authentique dialogue était possible entre croyants catholiques de sensibilité très différentes. Afin d’assurer une large représentation de cette diversité des laïcs, à côté des représentants des conseils diocésains siègent des représentants des mouvements et organisations catholiques ainsi que des personnalités reconnues. Cette expérience unique par l’ampleur des sujets abordés et la mobilisation qu’elle comporte autorise maintenant de réels espoirs, même si beaucoup mettent en garde contre le risque d’une désillusion. Ce premier résultat ‘in vivo’, le courage des initiateurs de part et d’autre nous incitent à les encourager sincèrement à poursuivre en se confiant plus que jamais à la sagesse de l’Esprit Saint.

Dominique Pannier, Grégoire Lefèvre, Jérôme Vignon.

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