Dossier Europe

La tribune : Migrants : osons rêver

Le pape François se rend à Chypre du 2 au 4 décembre. Nul doute que le thème des migrations sera au cœur de sa visite dans ce petit Etat qui voit chaque année arriver de très nombreux migrants illégaux, syriens notamment, sur ses côtes. Nul doute qu’il appellera à nouveau le monde, et l’Europe en particulier, à l’hospitalité, à « accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » les étrangers qui frappent à nos portes. Nul doute qu’il demandera aux pays européens de ne pas laisser les pays d’arrivée seuls pour assurer un accueil digne.

Grâce aux accords sur des couloirs humanitaires, soutenus par la communauté de Sant’Egidio (dont les Semaines sociales sont partenaires), qui permettent à des migrants particulièrement vulnérables d’entrer légalement dans un pays (Italie, France, Belgique…) pour y recevoir l’asile, le pape devrait, symboliquement, être accompagné, à son retour à Rome, par quelques-uns de ces migrants.

On le pressent, hélas : ses propos ne seront guère écoutés, même par une partie des catholiques. Et les réponses actuelles des autorités politiques ne laissent rien augurer de bon. Des murs sont dressés par la Pologne ; les moyens de contrôle sont légitimement renforcés contre les passeurs mais, si on en reste là, cela n’aide en rien les migrants eux-mêmes, condamnés à toujours plus de clandestinité, toujours plus de danger, toujours plus d’indignité. Des Etats donnent le sentiment de les « instrumentaliser » : la Biélorussie (et la Russie) contre l‘Europe ; la Grande Bretagne et la France en font, avec la pêche, un enjeu de leur bras de fer ! Sans oublier une campagne électorale qui, sous la pression d’un candidat qui en fait son exécrable leitmotiv, durcit le ton et les programmes contre les migrants, présentés comme des menaces.

Pourtant, on le sait, on l’expérimente : quand un migrant n’est pas seulement un mot, un concept, un argument de campagne, mais une personne, un visage, une histoire, cela change tout. Quand il va chercher son enfant à l’école, qu’il est écolier ou étudiant, quand il travaille à ces métiers du quotidien tellement utiles, qu’il est nounou pour nos enfants, aide-soignant près d’un vieillard, éboueur, terrassier ou médecin, ingénieur, sportif de haut niveau…, il est une richesse. Donnons-lui, donnons-nous, cette chance.

A lire aussi :

– Couloirs humanitaires, à nous de jouer !

– Dignité humaine et dignité humaine pour l’asile et les migrations

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