Dossier Europe

La tribune : Avec les Ukrainiens

Devant les images de guerre qui nous parviennent d’Ukraine, au lendemain de la décision de Vladimir Poutine, fort de sa puissante armée, d’envahir un Etat voisin, les Européens ont le cœur qui saigne. Parce que cette guerre leur rappelle que le peuple ukrainien est l’un des leurs, que la démocratie que nous essayons de vivre, eux et nous, est un bien fragile, une proie pour un dictateur tenté de s’inventer des menaces par bien plus faible que lui pour le contraindre à rejoindre le giron de la « grande Russie ». La démocratie, Poutine (comme les dirigeants chinois qui se gardent bien de condamner cette invasion) n’en veut pas.

Le malheur qui s’abat sur l’Ukraine doit nous mobiliser. Avec bien d’autres, les Semaines sociales condamnent l’agression russe et affirmer leur solidarité, notamment spirituelle, avec les Ukrainiens. Avec les fondateurs de l’idée européenne, nous croyons à la valeur de la paix. Plus personnellement, les SSF, avec le réseau des Chrétiens pour l’Europe (Ixe), sont en relations fréquentes avec des représentants de ces pays de l’Est que, souvent, nous connaissons mal et qui vivent aujourd’hui dans l’angoisse. Et, chaque année, se réunissent des cousines germaines de notre association, des Semaines sociales ukrainiennes, œcuméniques (le mot a du sens là-bas). La dernière rencontre, en octobre dernier à l’université de Lviv avait pour thème la recherche du Bien commun au travers d’un développement soutenable de la société. Avec d’autres, nous souhaiterions que les autorités religieuses orthodoxes russes n’épousent pas la rhétorique nationaliste du maître du Kremlin et mêlent leur voix à tous ceux, de toutes confessions, qui condamnent l’usage de la force et demandent que prévale la diplomatie.

Les réponses à l’agression russe ne seront pas militaires : ni les Américains, ni les Européens ne veulent s’engager sur ce terrain, sinon en renforçant leur présence dans les pays frontaliers. Elles seront économiques et devront toucher les proches de Poutine, ses soutiens et ses financeurs, sur ce qui leur tient à cœur : l’argent et leurs affaires. La guerre fait souffrir les peuples. Les Ukrainiens, d’abord, victimes des bombardements et contraints à prendre le chemin de l’exode : l’Union européenne devra exercer sa solidarité pour accueillir ceux qui franchiront ses frontières. Les opposants russes qui, au péril de leur liberté voire de leur vie, osent dire non à Poutine. Le peuple russe lui-même : les sanctions économiques auront des répercussions sur son quotidien.

On sait que les Européens en subiront également certaines conséquences : le prix du gaz, du pétrole, du blé va augmenter. Il faudra que l’Union et les gouvernements européens veillent à ce que ces conséquences n’impactent pas les plus pauvres chez eux. Mais chacun doit être conscient qu’il y a un prix à payer (ce ne sera pas le prix du sang) pour défendre la liberté des peuples frères, la démocratie, les droits humains, le droit international…

Dominique Quinio, Présidente des Semaines sociales de France

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