Dossier Plateforme du Bien Commun

Sortir du dilemme du temps court et du temps long

Pour une vraie traçabilité sociale et écologique des produits et services

Le principal problème politique, économique, écologique, social d’aujourd’hui n’est pas tant dans une différence d’opinions sur les buts, que dans la contradiction du temps long et du temps court. Tout le monde est conscient plus ou moins de l’importance de la transition énergétique, et tout le monde est conscient des besoins immédiats de croissance économique pour le pouvoir d’achat des pauvres. Pourquoi les revendications légitimes et les décisions démocratiques privilégient-elles les relances de la croissance, gourmande d’énergies disponibles, à échéances brèves (la fin du mois) au détriment de la mise en place de nouvelles énergies propres, mais à échéance de quelques décennies (« la fin du monde ») ?

Le temps long de la sauvegarde de la planète (pas si long) donne l’impression de pouvoir remettre à plus tard, alors que le temps court de la croissance en route semble à portée de main. Décideurs et corps intermédiaires sont devant une aporie. Le temps long est souvent sacrifié ou vécu comme une frustration. Le but est de trouver dans le temps court du présent des possibilités attractives pour épanouir le temps long. Par exemple les entreprises peuvent avoir tendance à considérer les progrès sociaux (emploi, salaires, conditions de travail, etc.) comme des boulets.

Mais une vraie traçabilité sociale et écologique mentionnée explicitement sur les produits et services vendus devient un argument de vente et un atout du bien commun, même si seulement 10 % des consommateurs y accordent une importance. On ne néglige pas 10 % du marché. Encore faut-il prendre en compte les traces sociales et écologiques de l’amont de la production à l’aval de la distribution avec des critères simples, précis, contrôlés et concertés.

Il existe depuis quelques années des référentiels intéressants à cet égard tels que SA 8000, ISO 26000… Mais si c’est trop complexe à mettre en place, le problème est remis aux calendes grecques et se heurte au découragement du temps long. Il faut trouver des critères quantitatifs facilement contrôlables servant de témoins significatifs de la politique sociale et écologique de l’entreprise : le salaire moyen ou médian et l’empreinte écologique en comparaisons des moyennes de la branche d’activité en France ou en UE. Chaque entreprise donne ses résultats et aussi ceux de ses fournisseurs. Une vignette couleur communique le résultat global. Ces données peuvent être contrôlées de façon aléatoire. Pour les importations, même procédure mais facultative et avec des vignettes différentes, le client n’ayant dans ce cas aucune garantie de véracité.

Dès lors nous transformons le temps court de l’acheteur en temps long du progrès social, économique et environnemental.

Bernard Ibal

Antenne des Semaines sociales de Toulouse

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