Dossier Plateforme du Bien Commun

Les français ont-ils retrouvé le sens de la fraternité ?

Voici un texte envoyé par Ondine Vernier lors de son voyage en Argentine. Elle décrivait son ressenti sans complaisance sur les relations humaines en France. C’était en septembre 2019, autant dire, il y a une éternité. Elle y décrit le monde d’avant, d’avant le covid-19. Il est important de se rappeler d’où nous partons, pour mieux apprécier ce qui se passe pendant le confinement. Les français montrent un besoin viscéral d’entrer en relation et une vague de solidarité impressionnante s’est levée du plus profond de la société. Le voisin semble redevenir le prochain. Que sera le monde d’après ? Cette évolution sociétale va-t-elle se poursuivre, s’amplifier ou disparaitre ?

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« En décidant de voyager 9 mois en Argentine cette année, je ne m’étais pas rendue compte que cela me permettrait de prendre du recul sur mon propre pays. Et parmi les choses qui m’ont frappée, on y trouve le lien social fort qui existe dans ce grand pays sudaméricain.

L’Argentine est un pays compliqué, jeune, à l’économie incertaine. Depuis quelques années, les habitants voient leur monnaie se dévaluer à vitesse grand V et les prix pratiqués dans le pays augmenter. Les inégalités se creusent également de plus en plus. Et pourtant, je n’ai jamais vu une population aussi ouverte, attentionnée et solidaire.

Dans le nord-ouest du pays, il nous est arrivé d’hésiter entre deux produits dans un supermarché. C’était le début de notre voyage et on ne comprenait pas encore toutes les subtilités de la langue. Une femme est venue nous voir spontanément pour nous aider et a fini par nous parler pendant 15 minutes, avec une joie non feinte. Ce après quoi elle nous a invité – toujours aussi spontanément – à venir chez elle prendre le thé le lendemain. On y a passé l’après-midi et avons dû décliner sa proposition de dîner, étant attendus…par d’autres Argentins !

Des exemples comme ça, ou de discussions improvisées dans la queue d’une station de bus, d’un supermarché ou tout simplement dans la rue, j’en repars en France plein la valise. Les Argentins, peu importe leur condition sociale, leurs revenus etc., ont une curiosité de l’autre, une volonté de connaître ceux qui sont autour d’eux, que je n’ai jamais rencontré en France.

Pourquoi aujourd’hui, si j’aborde une personne dans la rue pour connaître l’heure, c’est d’abord de la suspicion ou un geste de défense que je reçois ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment faire pour que demain, les Français retrouvent l’envie de s’ouvrir à l’autre, qu’il soit étranger ou voisin ? »

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