Dossier Plateforme du Bien Commun

J’ai fait un rêve…

L’esprit de solidarité souffle dans les salles de marchés.

Ils riaient ces femmes et ces hommes sérieux pour travailler dans des salles de marchés où se font et se défont des fortunes. Que s’était-il donc passé, la volatilité des cours aurait-elle dépassé toute attente, emportée par des algorithmes ?

Ce rire relevait d’un inattendu impensable, comme si l’esprit de solidarité les touchait dans le temple de la finance. Tous se demandaient le sens de ces transactions qui tournent sur elles-mêmes et pour les mêmes, dans cette recherche du ‘toujours plus’. Mais, pour quoi faire.

Mieux que quiconque, ils savaient que les cours, comme les arbres, ‘ne montent pas jusqu’au ciel’. En ce moment, c’était comme si le ciel était tombé sur eux : un jour qui fit grand bruit ; d’aucuns se rappelaient que, dans le Livre de l’humanité, il y eut une pentecôte qui changea non seulement les cœurs mais aussi le cours de l’histoire.

Une Pentecôte pour la bourse ! Incroyable ….

Les traders saisissaient que le marché s’était retourné. Les valeurs qui avaient la cote, soudain étaient celles d’entreprises à mission ou de sociétés jusque-là délaissées pour être engagées à refuser comme fatalité misère et pauvreté.

Les ordres de bourse affluaient ; ils exigeaient de retenir les actions éthiques ou des titres relevant de l’Investissement Socialement Responsable (ISR).

La finance solidaire ne leur était pas inconnue, mais ils reconnaissaient qu’ils s’y intéressaient peu pour ne représenter que quelques secondes des transactions boursières et encore … Les entreprises purement solidaires ne sont même pas cotées, aux deux sens du mot.

L’encours total de la finance solidaire en France est de 12 milliards d’€, alors que la capitalisation boursière pour les 40 entreprises du CAC est de 1643,57Mds d’€ (7 juin 2019).

Le flop de l’introduction en bourse d’UBER à Wall Street les interrogeait : une perte de quelques milliards par rapport à l’estimation envisagée. Quelle folie !

A la City, 1ère place boursière du monde, ce sont 33 millions de transactions sur le marché des changes chaque seconde en moyenne, près de 2 500 milliards de dollars journellement. A Wall Street, 945 milliards de dollars.

Se faisait jour la conscience que deux mondes s’opposent : un nain quant à la finance : il tente de faire exister les plus pauvres avec peu de moyens et beaucoup d’enthousiasme. Un géant-submergé par des capitaux dont des milliards, voire des trilliards, sont flottants pour ne pas trouver à s’investir sur le long terme, n’ayant d’autre finalité que d’enrichir, mais pour quelle cause.

Devant ce spectacle inique, les acteurs de marché riaient, comprenant le tragi-comique de cette situation. Désormais, l’heure était pour eux de donner cours à une autre logique pour ne point se perdre dans des volatilités qui ne construisent rien. Que faire, descendre là où se tiennent les vraies valeurs qui, seules, permettent d’investir pour monter vers les cimes.

Oui, riant de leur méprise, acteurs de marchés libérés de ces culpabilités qui freinent l’audace, ils s’engageaient à créer de vraies richesses, privilégiant l’économie réelle à celle virtuelle.

Pardonnez-moi, je vous ai fait part de mon rêve. Je me réveille en songeant qu’il faut le vivre au risque qu’il fasse grand bruit.

J’ai déjà rencontré nombre de traders qui, habités par ce songe, pensent qu’il faut lui donner cours pour que naisse un pacte d’échanges et de justice, mettant sur orbite cette belle valeur qu’est la paix.

Bernard Devert (Lyon)

Cette vision prophétique de Bernard Devert peut être associée au texte de 2018 « Sur les questions économiques et financières » dont voici quelques extraits.

« Bien que de nombreux opérateurs financiers soient animés personnellement de bonnes et droites intentions, il n’est pas possible d’ignorer aujourd’hui que l’industrie financière, en raison de son omniprésence et de sa capacité inévitable à influencer et, dans une certaine mesure, à dominer l’économie réelle, est un lieu où les égoïsmes et les abus ont une puissance de nuisance pour la communauté sans égale »

« Dans cette inversion d’ordre entre les moyens et les fins, qui fait passer le travail de l’état de bien à celui d’« outil » et l’argent, de celui de moyen à celui de « fin », se trouve précisément le terrain fertile d’une culture « de déchets » : celle-ci, sans scrupules et de manière amorale, a marginalisé de nombreuses populations, les privant d’un travail décent et les rendant ainsi « sans perspectives, sans voies de sortie ».

« Il s’impose donc de manière urgente une autocritique sincère et une inversion de tendance favorisant au contraire une culture entrepreneuriale et financière qui tiennent compte de tous les facteurs qui constitue le bien commun »

« Face à l’immensité et à l’omniprésence des systèmes économiques et financiers d’aujourd’hui, nous pourrions être tentés de nous résigner au cynisme et de penser que nos pauvres forces n’y peuvent faire que bien peu. En fait chacun de nous peut faire beaucoup, surtout s’il ne reste pas seul »

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