Dossier Plateforme du Bien Commun

Compte-rendu de la journée du groupe santé sur l’île de Saint Honorat – 2022

Tribune Ecolo

Rappel du contexte de la journée :

Le groupe santé des Semaine sociales de France est né en 2009 à l’occasion de la révision des lois de bioéthique. Le CA avait sollicité quelques professionnels de santé sur la question de l’anonymat des dons de gamètes dans la PMA ; cela avait donné lieu à une prise de position sur la levée de l’anonymat. Dans la suite, un groupe s’est constitué, étoffé par des personnes extérieures aux SSF. Ce groupe a reçu une mission de veille, de réflexion et de proposition.

L’antenne locale – Semaines sociales des AM, SESAM- naissait entre 2012 et 2013. Nous avons été très vite sollicités pour participer aux travaux du groupe santé, tout en animant cette antenne locale.

Le groupe santé, sous la conduite de Mathieu Monconduit a proposé plusieurs types d’interventions: articles, ateliers, journées, colloques universitaires (ex : Strasbourg 12 mai 2017 : « La sécu, jusqu’où? Quelle solidarité et quel soin pour notre système de santé » avec l’intervention de Jean-Luc Philip sur « la coordination de la prise en charge des personnes âgées dépendantes »). Cette réflexion concerne essentiellement le fonctionnement du système de santé : répartition des ressources, incohérences et suggestions d’évolutions structurelles et/ou de pratiques professionnelles. Elle a pour points d’appui les grands axes de la pensée sociale chrétienne : destination universelles des biens, respect de la personne, subsidiarité.

A la suite de la rencontre 2020 : « Une société à reconstruire : engageons-nous ! », les SSF ont publié un Manifeste pour l’engagement dans lequel le groupe santé, à la suite de consultations sur tout le territoire français a émis trois types de proposition : la prévention, les pratiques de soin, la suggestion d’une convention citoyenne sur la santé.

En 2021, dans la suite de la pandémie Covid, un débat sur la santé publique a été organisé avec Didier Sicard (CCNE) et Luc Ginot (ARS Ile de France) : La santé publique : citoyens parlons-en !

En juin 2021, Mathieu Monconduit et le CA des SSF nous sollicitaient pour prendre la suite de la responsabilité du groupe santé. Nous avons accepté de faire un galop d’essai.

***

Cette journée à Lérins s’est inscrite dans ce contexte. Elle a réuni sur place une dizaine de participants auxquels était associé un groupe de personnes intéressées par notre réflexion mais trop éloignées du 06 pour se joindre à nous : la vidéo du frère Vladimir, abbé de Lérins, leur permettra d’en avoir un aperçu.

Echo de l’exposé du frère Vladimir :

Le frère Vladimir ouvre avec nous la Règle de Saint Benoit (6°siècle) : elle propose aux chapitres 31 à 41 un cadre qui permet de prendre soin des personnes malades et fragiles dans la communauté monastique. Tout au long de la Règle, des dispositions pratiques sont prévues pour que les membres de la communauté prennent soin les uns des autres. Saint Benoit procède avec un modèle reçu de la tradition monastique ; ce modèle s’inspire de la description des premières communautés chrétiennes en Ac 4. Chacun reçoit selon ses besoins pour participer à la mise en commun. Or, le besoin ne se devine pas, il s’exprime : cela suppose une écoute et un espace. Il convient alors de discerner si le besoin exprimé est un vrai besoin.

La Règle de saint Benoit n’élude pas la difficulté de donner une juste place aux faibles et aux malades. Elle montre que la ségrégation, penchant humain naturel, n’est pas la juste solution. Un parcours rapide de l’histoire monastique nous a permis de saisir les différentes étapes et interprétations selon les cultures et les contextes sociaux.

Echos de l’échange du groupe :

De quoi transposer pour aujourd’hui du côté du système de soin, des métiers et de leur reconnaissance, des leviers de changement à identifier ou inventer pour que le soin demeure solidaire des plus vulnérables.

La question des métiers, de la formation et de leur reconnaissance a ainsi été au cœur du débat. Les professionnels présents ont fait la relecture de leur pratique, actuelle ou passée, tout en faisant émerger les freins rencontrés : cloisonnement, question du financement et du reste à charge du côté des patients, choix du secteur I ou II, coordination des différentes thérapies sur un parcours de soin…

En lien avec la réflexion du frère Vladimir, la question de la dépendance a été largement évoquée, avec la question de la qualité des prises en charge et celle de la formation des futurs médecins et para médicaux. Quand on sait que les formations d’aides-soignants, désormais ouvertes sans aucune obligation de diplômes, peinent à remplir leurs effectifs, on mesure toute l’ampleur du problème : la revalorisation des métiers d’aide à la personne est urgentissime.

Des propositions importantes pour la dépendance se sont ainsi exprimées: la mise en place d’une branche de l’assurance maladie pour la prise en charge de la dépendance, une meilleure information sur le tissu associatif d’entraide à la personne isolée (personnes et familles), l’appel éventuel à l’intelligence artificielle pour l’aide à ces personnes en perte d’autonomie.

Quant au type de médecine, le désir de favoriser une médecine intégrative incluant toutes les dimensions de la personne est partagé par le groupe.

L’exemple de la Règle de saint Benoit a posé radicalement la place donnée au malade dans une structure qui convient, tout à la fois à lui et à l’ensemble du groupe social. L’acuité d’un tel questionnement reste d’actualité et d’une pertinence accrue pour un système de soin en crise.

Le débat a pu s’ouvrir.

Qu’il se poursuive avec d’autres !

Merci à chacun pour son implication.

Jean-Luc et Françoise Philip, 24 avril 2022

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