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Dossier La Tribune du Christianisme social
Faut-il penser que nous avons troqué nos cœurs de pierre contre des cœurs de métal, et non contre les cœurs de chair promis par Dieu au prophète Ezekiel (Ez 36, 26) ? La forge planétaire qui vient désormais mordre jusque dans nos campagnes françaises pourrait le faire croire. Elle nous fait en effet passer par l’eau et par le feu.
Par le feu d’une sécheresse qui déclenche des incendies du côté de Perpignan dès le 16 avril et qui oblige des milliers de français du même département à vivre sans eau potable autre que les deux packs de 6*1,5L qui leur sont livrés par les autorités.
Par l’eau qui s’abat subitement sur les terres asséchées ou artificialisées et qui isole Ravenne chez nos voisins italiens comme elle avait détruit la vallée de la Roya à l’automne 2020 chez nous. Ou qui divise un pays au point de transformer Sainte Soline en champ de bataille, et de faire parler certains de « guerre de l’eau ». En France. En 2023.
Par l’eau et par le feu. Faut-il que nos cœurs soient devenus si durs pour en être arrivés là ? Peut-être. Malheureux pharaons qui suivons nos cœurs endurcis par des habitudes de consommation que nous considérons comme intangibles alors qu’elles ne datent même pas d’hier et qu’elles exploitent les hébreux modernes des camps ouïghours autant qu’elles menacent la vie de nos enfants, nos récoltes et nos troupeaux.
Mais revenons au cœur de la forge planétaire dont l’enclume a décidé de frapper Perpignan et ses alentours. Au cœur de la fournaise, voici une annonce originale sur le site de France TV Info : « Sécheresse : à Perpignan, une procession religieuse va être organisée pour implorer la pluie »(1). L’article précise que ce type de manifestations n’a pas eu lieu dans la préfecture des Pyrénées-Orientales depuis plus de 150 ans. La demande est visiblement venue d’un viticulteur local qui craint de perdre toute une année de labeur : « S’il n’arrive pas un déluge pendant 3 jours, on ne s’en sortira pas. Il ne reste plus qu’à prier. »
« Il ne reste plus qu’à prier » : peut-être que ces mots peuvent nous réjouir. Il y a manière de les entendre comme le cri d’un cœur de fer qui sort de sa gangue de rouille sous l’effet purificateur de l’eau et du feu, qui se laisse travailler par les événements et qui se fend pour finalement redevenir chair capable d’entendre « tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (LS 49). Pour nous Église, c’est une invitation à nous faire proche de ces cœurs qui cheminent, et à prendre ensemble ces sentiers de la conversion écologique (LS 216-221).
« Il ne reste plus qu’à prier » : mais peut-être pouvons-nous aussi entendre dans ce constat désenchanté un risque fort pour les décennies à venir. Quand le désespoir guette les hommes, le risque de chercher un salut facile est tentant, quitte à payer le prix du sacrifice aux idoles qui nous habitent facilement le cœur. Pour l’Église que nous sommes et qui découvre les monstres qu’elle peut produire sous couvert de sacré, c’est une invitation à bien prendre ces chemins de conversion à la suite du Christ, seul Sauveur. Sans vouloir prendre sa place.
« Il ne reste plus qu’à prier » : au cœur de la forge, la prière est un excellent réflexe. D’ailleurs tous les jours de fête et tous les dimanches, l’Église Peuple de Dieu que nous formons est invitée à reprendre le Cantique des Trois Enfants (Dn 3), nous plongeons avec eux au cœur de la fournaise. Mais il est alors bon d’entendre que leur prière n’est pas une demande magique de solution immédiate mais un chant de confiance en Dieu, chant humain qui rejoint celui de toutes ses créatures. Dans cette louange cosmique, Ananias, Azarias et Misaël tirent la force de leur engagement, l’enracinement qui leur permet de tenir bon dans la justice.
Souhaitons alors qu’à leur école, au cœur de la fournaise version Anthropocène, nous soyons nous aussi enracinés dans la prière pour « Aimer et Servir » nos frères et sœurs dans cette Création qui gémit. Car l’action est prière, et la charité nous presse.
(1) https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/secheresse-a-perpignan-une-procession-religieuse-va-etre-organisee-pour-implorer-la-pluie_5707229.html
Xavier de Bénazé
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