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La guerre qui se déroule en Ukraine a des répercussions dans toute l’Europe parce qu’elle concerne toute l’Europe. Elle met face à face deux conceptions du monde et de la force. L’une, européenne, longtemps faible et excessivement modeste, mise sur le pluralisme, la diversité, la démocratie et le commerce comme modèle de vie politique, sociale et tout simplement humaine. La seconde, russe, ancrée dans la tradition soviétique et fondée sur une lecture bien particulière de l’histoire, met en avant l’unité, le conformisme et la puissance à l’état brut incarnée par le chef censé représenter la nation, immense mais toujours menacée.
La conception européenne était en train de l’emporter en Ukraine et attirait invinciblement depuis plus de 10 ans ce vénérable pays. Mais la Russie a réagi en tentant d’imposer par la force – et quelle force ! – son modèle social et politique et son glacis protecteur. L’affaire des corridors humanitaires ressemble à cet égard à un immense et dramatique lapsus. En imaginant les tourner vers la Russie, Vladimir Poutine a bien sûr retardé et atermoyé mais il a aussi révélé ce qu’il aurait au fond voulu : que les Ukrainiens, fascinés à tort par l’Europe, ouvrent les yeux, découvrent enfin leur destinée et retournent d’eux-mêmes vers leur réelle patrie, la Russie éternelle. Il n’a pas l’air de comprendre, il ne veut pas comprendre, que la force, l’écrasement, ne lui permettent pas de le faire.
Bien au contraire. L’attitude guerrière du Kremlin, son arrogance et son cynisme, ont soudé les Ukrainiens et uni l’Europe qui, surmontant ses hésitations, a décidé d’infliger à la Russie une défaite économique, à défaut de pouvoir ou même d’imaginer déclencher une guerre qui risquait de devenir atomique. Les sanctions sont tombées, symboliques pensent certains, utiles pour d’autres. Mais l’impossibilité d’agir directement sur ce conflit qui est à nos portes et nous concerne, a entraîné une surenchère tragique. Après quelques actions d’éclat de personnalités russes comme le chef d’orchestre Kiril Petrenko, d’institutions internationales comme la Fifa ou l’Uefa, ou encore d’entreprises comme Ikea, une nouvelle phase a commencé. Les entreprises européennes sont sommées de quitter le territoire russe et les artistes russes doivent condamner la guerre ou démissionner. Pire que cela : certains Russes sont directement pris à partie et la culture russe reléguée aux poubelles.
Ne nous laissons pourtant pas enfermer dans le manichéisme de l’adversaire. Ne faudrait-il pas bien plutôt poursuivre, pour la culture notamment, le travail que les journalistes font pour la guerre : essayer de comprendre, faire parler les acteurs, les inviter au besoin à dialoguer ? La culture russe est immense, elle fait partie intégrante du patrimoine mondial. Loin de l’annuler, il faut l’étudier, dialoguer avec elle. Chercher à savoir quels sont ses ressorts – qui éventuellement attisent la guerre en Europe, ou éventuellement invitent à la paix. Il n’y a pas pire posture que celle qui, pour dénoncer, cherche à annuler. Il en va de la Russie comme des sculptures « suspectes », on ne peut l’annuler sans se ridiculiser et atteindre le résultat inverse que celui que l’on recherche. Je rêve au contraire d’un grand mouvement d’intérêt pour le monde russe, pour sa culture. Car, après le conflit, après la guerre, car elle finira, comme toutes les guerres, il faudra reconstruire. Et il faudra bien, cette fois, reconstruire avec les Russes comme on l’a fait, hier, avec les Allemands.
Jean-Pierre Rosa, éditeur et ancien délégué général des Semaines sociales de France
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