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Régulièrement les Semaines sociales de France proposent un voyage apprenant principalement au cœur des institutions européennes pour comprendre, échanger ensemble et avec les députés européens mais également en France dans des quartiers.
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Dossier La Tribune du Christianisme social
Aéroport de Londres, 16 heures. Le voyage a été long depuis le Pacifique. Un dernier passage à la sécurité et nous allons pouvoir embarquer pour Roissy. Il y a du monde, comme d’habitude, aux portiques et aux glissières où l’on dépose son bagage à main, ses papiers, son ordinateur, son manteau, ses clés en attendant les ultimes vérifications… Assez loin devant moi un couple fait la queue. La femme, en voile intégral, colle à son mari, cherche à passer avec lui. Du coup mon œil est attiré et j’observe. La femme va-t-elle lâcher son mari ? Seule ? Sous la demande des employés ? Et son voile ? Va-t-elle l’ôter ? Ou répondre à la demande ?
Première étape, la séparation. Les employés invitent gentiment le mari à vider ses poches, poser ses clés, ses papiers… Pendant ce temps un autre employé prend en charge son épouse mais sans lui demander d’ôter son voile. Et la voilà qui est invitée, après son mari, à passer sous le portique visage couvert. Je me tors un peu le cou pour suivre. Je ne crois pas que quiconque lui ai demandé d’enlever le morceau de tissu noir qui couvrait entièrement son visage. Comment vérifier l’identité de Madame ? Et pourquoi une telle pusillanimité de la part des services de sécurité ? Mais trêve de réflexions, c’est mon tour. Je passe tranquillement mais, au moment de la lecture de mes papiers, l’employé me demande gentiment d’ôter mon chapeau pour vérifier mon identité à l’aide de mon passeport. Je m’exécute, un peu interdit.
Et du coup je me demande : quelle mouche a donc piqué ces employés ? Comment peuvent-ils filtrer ainsi le moucheron et avaler le chameau ? Est-ce parce qu’il s’agirait d’un « signe religieux » et qu’il ne faut pas brider la liberté religieuse ? Mais même les tenants des « accommodements raisonnables » auraient donné raison à l’employé qui aurait invité Madame à ôter son voile.
En fait ce voie « islamique » ne cesse de poser question. D’une part parce qu’il apparaît comme le marqueur d’une condition féminine d’infériorité, d’autre part parce qu’il tend à faire disparaître de l’espace public le visage même de la femme, ce qui ne peut être accepté. Certains, pour le défendre, mettent en avant son caractère religieux et, ce faisant, le « sacralisent ». D’autres au contraire mais avec la même intention, en font un élément culturel respectable en tant que tel et soulignent sa contingence dans l’univers de l’Islam, dédouanant ainsi l’islam de tout assujettissement de la femme.
Soyons sérieux et prenons les arguments l’un après l’autre. S’agit-il d’un signe « religieux » ? L’histoire montre que cela est douteux. Mais même en ce cas, il doit être sérieusement encadré. Voiler le visage dans sa totalité est grave. L’interdiction française semble sage. La tolérance d’un voile modeste, qui ne couvre que les cheveux semble plus juste. Et s’il s’agit d’un simple vêtement « traditionnel » ? Alors il est urgent de limiter son emploi.
Police vestimentaire ? De retour d’un pays où on ne rencontre aucune femme voilée, je pense au contraire qu’il s’agit là d’un combat en faveur de l’égalité hommes-femmes.
Cause futile au regard de grandes causes sociales ? Je ne le crois pas. Beaucoup de choses se jouent autour de l’égalité hommes-femmes et de la condition féminine.
Mon passage à la sécurité d’un grand aéroport européen me fait penser que je n’ai pas tort.
Jean-Pierre Rosa
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