Dossier La Tribune du Christianisme social

La tribune : Le symptôme de la canicule

Souvent les climatologues ne veulent pas conclure trop vite sur le lien de tel ou tel phénomène météorologique extrême (froid, orages, inondations, tempêtes, vents violents…) avec le dérèglement climatique. Prudence nécessaire pour ne pas prêter le flan aux climatosceptiques, à ceux qui doutent du réchauffement climatique et/ou de la responsabilité de l’activité humaine sur ce réchauffement. Les scientifiques expliquent que les épisodes doivent être observés dans la durée, que tout dépend de leur fréquence et de leur intensité. Mais, cette fois, Jean Jouzel, climatologue et glaciologue, ancien vice-président du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) n’a pas hésité, le 21 juin, sur France Info à l’affirmer : « Oui ces périodes caniculaires sont vraiment liées au réchauffement climatique. A mesure que les températures augmentent, l’intensité des vagues de chaleur et les températures augmentent deux fois plus vite. » La semaine de très fortes chaleurs qu’ont connue la France et l’Europe, aussi précocement dans la saison, a donc valeur de symptôme.

La réalité, pourtant, ne semble pas convaincre tous les Grands de ce monde. Les Etats réunis pour le G20 à Osaka au Japon ont âprement débattu avant de réaffirmer leur attachement « à la mise en œuvre complète de l’accord de Paris », signé en 2015. Ce n’était pas gagné : on craignait que certains pays émergents s’alignent sur la position américaine – le président Trump avait désengagé son pays de l’accord de Paris en 2017 – et reviennent sur leur signature. Finalement, grâce aux efforts des négociateurs européens, les dix-neuf membres du G20 signataires de l’accord de Paris confirment son « irréversibilité ». Cet accord, à portée universelle, vise notamment à limiter la hausse globale des températures à moins de deux degrés d’ici à 2100. Un engagement dont on sait d’ores et déjà qu’il sera difficilement tenu. Surtout si certains des pays les plus pollueurs freinent des quatre fers !

En revanche, les dossiers commerciaux semblent avoir été plus fructueux : les Etats Unis et la Chine se sont remis à négocier. L’Europe et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) se sont mis d’accord sur un traité de libre-échange. Une occasion de redonner un sens aux accords multinationaux, face aux pays qui préfèrent les face-à-face et refusent toute forme de multilatéralisme. Avec la conviction, chère au projet européen, que le libre-échange et des règles commerciales équilibrées sont des outils de paix et de prospérité.

Les dirigeants européens, au travers du résultat des élections au Parlement européen, ont compris que pour convaincre, et notamment convaincre les jeunes générations, le développement économique ne suffisait pas ; il leur fallait ne pas déserter le champ de l’écologie. Nous avons évité de reculer, a commenté le président Macron à l’issue du G20 ; il nous faut maintenant aller plus loin.

L’épisode de canicule, obligeant à s’interroger sur les conséquences d’une hausse des températures, non seulement pour certains peuples lointains, mais aussi sur nos modes de vie, de transport, sur l’urbanisme , l’agriculture etc., devrait servir d’électrochoc, afin que les opinions encouragent leurs gouvernements à – effectivement et concrètement – aller plus loin.

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