Dossier La Tribune du Christianisme social

Tribune : « Relire 2023 pour s’engager en 2024 »

bilan 2023

L’année 2023 vient de s’écouler, 2024 commence à peine. Autour du 31 décembre, nous avons vu fleurir dix, cent, mille reprises de l’année finissante : les 10 meilleures photos, les 20 échecs politiques, les 100 figures marquantes etc. Comme toute production de notre société contemporaine, ce type d’exercice peut devenir une consommation de plus. Dommage !

Oui, dommage. Car comme humains et comme citoyens, faire un bilan un peu posé sur une période écoulée peut être extrêmement fructueux. Apprendre de ce qui a réussi tout autant que de ce qui a dysfonctionné est la base de toute sagesse humaine. Savoir faire le tri une fois passée l’écume des « news », fake or true, est la source de toute vérité et d’initiatives d’un peu de profondeur humaine.

Oui, dommage car comme chrétiens, le bilan un peu posé peut de plus devenir prière, une relecture de l’année écoulée qui cherche à discerner dans les événements d’une vie et du monde où l’Esprit souffle aujourd’hui. Où le Seigneur veut-il nous conduire collectivement en ce début de XXIème siècle, alors que nous entrons toujours plus avant en Anthropocène ?

Alors ? Alors pourquoi ne pas faire l’exercice sérieusement ? Faire un tel bilan au niveau personnel relève de la vie de chacun et chacune de nous. Le faire à une échelle planétaire, par exemple sur les sujets d’écologie intégrale, peut nous sembler plus difficile. On peut alors se réjouir d’une des multiples reprises de 2023 évoquées précédemment. Celle-ci a été réalisée par le média Vert et s’intitule : « 2023 (ou presque) bonnes nouvelles pour l’écologie de 2023 ». Vous pouvez la trouver en ligne en cliquant ici.

Partant de ce texte (mais d’autres sont possibles, celui-ci n’est qu’un exemple concret pour soutenir le propos de cette tribune), qu’allons-nous apprendre comme humain, comme citoyen, comme chrétien ? Je ne peux pas répondre à votre place. Mais je peux souligner trois enseignements qui pour moi rejaillissent d’une lecture posée et priante de ce bilan de 2023 :

1. J’y vois tout type d’acteur en action. États, entreprises, associations, communes, institutions internationales, citoyens, chercheurs, militants… Chacun et chacune d’entre nous peut donc se sentir appelé à s’engager, et ce à plusieurs niveaux, avec plusieurs institutions différentes.

2. J’y entends des actions à la fois de réduction de l’impact et d’adaptation aux changements déjà inéluctables. Les deux logiques ne sont donc pas à opposer, laissant chacun libre de s’impliquer de la façon dont cela lui est possible aujourd’hui.

3. Je sens qu’il y a des nouvelles qui viennent me toucher autrement que par la raison, l’impact ou l’échelle. Elles viennent résonner avec mes émotions, mon histoire, ma mission actuelle. Ainsi de l’Église d’Angleterre qui désinvestit des énergies fossiles. Ou bien de la réintroduction à l’état sauvage du superbe takahé considéré comme disparu depuis le XIXème. Ou enfin de la victoire des peuples autochtones du Brésil contre l’agribusiness, belle actualisation du combat de David contre Goliath. Ici, pour moi, la petite musique de l’Esprit se fait palpable émotionnellement.

Je peux alors me tourner vers 2024 en me sentant porté par le souffle de l’Esprit, le même qui traverse la parole prophétique du Pape dans Laudato si’ et Laudate Deum. J’y sens un encouragement à continuer à œuvrer tant au niveau institutionnel dans le réseau jésuite qui est le mien, que au niveau très local de l’écocentre spirituel du Châtelard. J’y entends aussi comme un appel peut-être : prêter une plus grande attention à la biodiversité dans mes missions. Laisser plus de place à la Création dans ma vie spirituelle et dans nos liturgies.

Ce propos pourra paraître trop personnel. Pourtant à travers ce petit exercice de relecture, je crois que le message est essentiel : notre engagement comme chrétiens et comme Église dans ce monde ne peut naître que de nos discernements priants, personnels et communautaires. Alors, pourquoi ne pas faire de ce passage d’année une opportunité pour une telle prière ?

Xavier de Bénazé

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