L'âge de l'écologie
L’enquête est intéressante, parce qu’elle bouscule quelque peu les idées reçues. Les jeunes ne sont pas tous écolos ! Le travail mené ce printemps par un collectif de chercheurs, Quantité critique, sur le rapport à l’écologie des 16-30ans (les résultats ont été publiés dans la Croix du 15 juin) révèle, dans cette génération, une grande diversité d’attitudes - des plus investis aux indifférents proclamés - et d’importantes divergences quant aux solutions à mettre en œuvre.
Une chose est sûre, pourtant, ils ont conscience du risque d’une catastrophe écologique majeure, même si quelques uns, peu nombreux, ont encore des doutes sur la responsabilité des activités humaines sur le réchauffement climatique. Selon la cartographie dressée par les chercheurs, les plus engagés, « les éco investis » et les « modernistes », représentent un peu moins de 40 % de ceux qui ont répondu a l’enquête. Les « opposants » sont une petite minorité. Les « soutiens distants » et « les indifférents » représentent plus de 50% des jeunes répondants. Les plus engagés partagent des pratiques personnelles (comme la réduction de viande dans l’alimentation, le refus de prendre l’avion, les tris des déchets etc.) mais si les uns pensent nécessaire une conversion totale de nos modes de vie, de nos systèmes économiques et sociaux, les autres misent sur la technologie – une technologie verte – pour lutter contre les effets de la crise climatique.
La plupart reste en retrait de tout discours politique sur la question, même si les plus concernés se situent plutôt à gauche. L’enquête révèle que le réchauffement climatique et la pollution sont, selon eux, des priorités ; mais la maltraitance animale les préoccupe nettement plus que les migrations climatiques. Ils peuvent, quand ils témoignent, admettre manquer de cohérence entre leurs convictions et leur mode de vie. Qui oserait sur ce point leur jeter la première pierre ?
"Pour beaucoup de jeunes, la prise de conscience est là, mais les solutions globales leur semblent inconnues ou inatteignables. Et ils ont des doutes sur l’efficacité réelle des gestes écologiques qu’ils pratiquent pourtant."
Pour beaucoup de jeunes, la prise de conscience est là, mais les solutions globales leur semblent inconnues ou inatteignables. Et ils ont des doutes sur l’efficacité réelle des gestes écologiques qu’ils pratiquent pourtant. En ces temps électoraux, les responsables politiques gagneraient à se nourrir de ces informations : reconnaître à la fois cette conscience réelle des enjeux climatiques, la très forte mobilisation d’une tranche importante de ces jeunes mais la relative indifférence d’une majorité d’entre eux, ainsi que leur difficulté à imaginer les solutions efficaces. Ils doivent comprendre aussi que beaucoup d’entre eux peuvent avoir d’autres priorités, sociales par exemple.
Pour cette génération, la crise écologique doit être un sujet majeur qui concerne leur avenir, leur projet de vie, certains allant jusqu’à se demander s’il est responsable de mettre des enfants au monde… Elle doit, de ce fait, l’être aussi pour leurs parents, leurs aînés. Tous ont besoin d’informations, de formation, de pédagogie et … d’espérance.
Dominique Quinio, Présidente des Semaines sociales de France
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