Dossier Rencontres anuelles

Conclusion de la Session 2007

Par Jérôme Vignon

Conclusion donnée au cours de la session 2007 des Semaines Sociales de France, « Vivre autrement pour un développement durable et solidaire ».

JÉRÔME VIGNON, président des Semaines Sociales de France.

« Sous le Grenelle, une Bonne nouvelle « 

En préparant cette session, sur un terrain relativement peu défriché auparavant par les Semaines sociales, nous étions quelque peu anxieux, prévoyant déjà la question revenue à maintes reprises au cours de ces trois journées: mais en quoi les Chrétiens vont-ils faire la différence? En fait, leur déroulement nous a conduits à mieux répondre à une autre question, excellemment formulée à un moment donné par Jacques ARNOULD: Qu’est-ce qu’être chrétiens, dans le contexte de ce « Développement durable » ? En tant que chrétiens sociaux, que voulons-nous être au juste ?

Pour retracer le cheminement qui a été le nôtre, l’image la plus percutante me semble être celle du chemin de Damas. Faisant route vers Damas, Paul est jeté à bas de sa monture et entend une voix qui s’écrie « Saül, pourquoi me persécutes-tu? » C’est le début d’une aventure spirituelle. Paul entrevoit alors qu’il s’était fourvoyé. Celui dont il persécutait les disciples était vraiment le Christ sauveur. Libéré de ses préjugés, il devint à son tour l’Apôtre d’une libération par l’Esprit qui transforme en sagesse ce qui passait auparavant pour folie. Paul recouvre alors la vue. Mais c’est pour une vision neuve, celle d’un nouveau style de vie, comme dirait Elena Lasida.

Premier temps de ce chemin de Damas: la chute, la rupture.

Jean Marc JANCOVICI, Nick STERN, nous invitent à faire preuve d’un pessimisme actif. Ils le font chacun à sa manière, l’un insistant plutôt sur l’alarme, l’ampleur de la menace à vue de génération, l’autre d’avantage sur les solutions politiques, nationales et internationales pour la conjurer. Tous deux s’accordent sur l’idée d’une augmentation délibérée des prix de l’énergie par la taxation. Nick STERN complète cette recommandation par une invitation pressante à la solidarité avec les pays du Sud et souligne que développement et adaptation au changement climatique vont de pair. Il laisse aussi entrevoir un nouveau de coopération entre entreprises et pouvoirs publics. Dans la bouche de l’économiste britannique, le thème de l’Alliance n’est pas loin.

Avant d’aller plus loin dans les conclusions de cette session, nous devons franchir cette première étape qui nous désarçonne: voulons-nous comme chrétiens sociaux et comme citoyens partager ce pessimisme actif et nous y engager personnellement? Je répondrai pour ma part: Oui, mille fois oui. Toute la sagesse héritée de la tradition sociale chrétienne nous met au coté de cette prévoyance collective, de cette solidarité entre les nations riches et pauvres, de cette volonté de donner visage humain au futur. C’est ce « Oui » qu’expriment les propositions présentées ce matin par Philippe DACOSTA.

Ce soutien, cette adhésion étant exprimés, où se trouve l’originalité chrétienne? Le cheminement de notre session montre que pour répondre à cette question, nous devons d’abord comprendre ce que recouvre exactement la démarche des trois piliers du développement durable. Mais cette découverte à son tour, nous amène à reconsidérer notre manière de croire. A cette condition notre parole et nos actes pourront redevenir signifiants pour nos concitoyens.

Deuxième étape de cet itinéraire, la découverte de ce qu’est réellement le développement durable.

Pour Laurence TUBIANA comme pour Bernard CHEVASSUS au LOUIS, le changement climatique, l’épuisement de l’énergie renouvelable, ne sont qu’une porte d’entrée dans un ensemble de problèmes interdépendants. Ils nous rappellent que l’ensemble des questions de la « soutenabilité » sont liées les unes aux autres : l’énergie, l’eau, la biodiversité, la pollution des sols, la déforestation, mais aussi la concentration géographique de la pauvreté, les migrations.

Face à un tel changement global, la réponse du développement durable a de quoi nous déconcerter. Elle n’est pas dans la continuité du « modèle d’économie sociale de marché », cadre de référence de la pensée sociale chrétienne, depuis la seconde guerre mondiale, au sens où il s’agirait d’ajouter une contrainte environnementale à la contrainte sociale. Il ne s’agit pas seulement de compléter le cadre de règles publiques par une panoplie de taxes environnementales. Il s’agit aussi de modifier les conditions du pilotage de nos organisations collectives , de nos collectivités territoriales , de nos entreprises et de nos nations, afin de faire en sorte que les buts et les normes objets des choix communs, soient autant que possible informés et enrichis par les savoirs de tous, en particulier de ceux qui sont au contact du terrain

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