Dossier Rencontres anuelles

Les faits marquants du Vendredi matin

Synthèse du vendredi matin de la session 2003 des Semaines Sociales de France, « L’argent ».

Les Semaines sociales de France (SSF) s’attaquent cette année au thème de «l’argent». Michel Camdessus, président des SSF, a lancé la 78e édition par un constat heureux : le programme proposé semble avoir intéressé les auditeurs, puisque environ 2500 personnes se sont inscrites, dont 40% pour la première fois. « La vieille dame que nous sommes a 99 ans, mais elle a bon pied bonne œil ! », s’est-il réjoui. Il a introduit les débats en insistant sur les deux grandes dimensions de l’argent : «un système dont on fait partie et sur lequel nous avons prise», mais aussi «l’instrument de notre vie personnelle».

La journée s’est poursuivie par la lecture de la lettre du cardinal Sodano, adressée aux participants des SSF, au nom du Pape Jean-Paul II. Le cardinal a appelé «les fidèles du Christ à une nouvelle imagination de la charité», afin de mettre «un supplément d’humanité dans l’économie.»

Robert Rochefort a ouvert le bal des conférences. Il s’est attelé à décrypter nos rapports personnels et collectifs à l’argent. Un paradoxe a marqué le directeur général du CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) : selon un sondage pour le journal Pèlerin, 78 % des Français pensent que l’argent prend trop de place dans la société. Et pourtant, on ne cesse d’en parler. Partant de ce constat, il a décortiqué notre rapport à l’argent : A quoi sert-il dans nos vies ? Quelle représentation en avons nous ? Quelles valeurs se révèlent dans notre rapport à l’argent ? Robert Rochefort a ouvert le bal des conférences. Il s’est attelé à décrypter nos rapports personnels et collectifs à l’argent. Un paradoxe a marqué le directeur général du CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) : selon un sondage pour le journal Pèlerin, 78 % des Français pensent que l’argent prend trop de place dans la société. Et pourtant, on ne cesse d’en parler. Partant de ce constat, il a décortiqué notre rapport à l’argent : A quoi sert-il dans nos vies ? Quelle représentation en avons nous ? Quelles valeurs se révèlent dans notre rapport à l’argent ?

Argent et accès à la liberté

Ressenti comme l’élément nécessaire à notre qualité de vie, l’argent est aussi devenu pour beaucoup un « mode d’accès à la liberté ». Particulièrement aux deux extrémités de la vie : les jeunes dépensent plus et plus vite, tandis que les retraités désépargnent et « n’ont plus honte de se faire plaisir. » L’argent est perçu comme un moyen d’exercer son indépendance et de réaliser son projet de vie.

Pour la majorité des Français, l’argent reste une contrepartie du travail. Est-ce à dire que la société valorise le travail ? Pas forcément. Pour le conférencier, il est plébiscité avant tout en tant que source de revenus. La fascination pour les jeux d’argent montre que la valeur centrale reste le gain : le chiffre d’affaires du marché du jeu (PMU, loto…) représente 6% du PIB français et 50% des dépenses de santé !

Autre paradoxe : le salaire est devenu le premier critère de choix d’un métier chez les lycéens, et pourtant, les jeunes sont 87% à critiquer l’omniprésence de l’argent dans la société. Car l’argent est perçu comme l’instrument de l’exercice du pouvoir collectif : spéculation, corruption, nouvelles inégalités, gaspillage des deniers publics, détournement de fonds… La liste des maux qu’on lui attribue est longue.

L’imaginaire de l’argent

La représentation que nous avons de l’argent a changé : la circulation a remplacé la thésaurisation : « Aujourd’hui, l’argent sort des murs (des distributeurs) comme l’eau des fontaines autrefois », s’amuse Robert Rochefort. Mais cette plus grande liquidité nous fait perdre la valeur des choses : les prix des biens et services varient dans l’espace et le temps, si bien que l’argent se déconnecte de la réalité économique.

Nos valeurs à l’épreuve de l’argent

Y’a-t-il des principes moraux dans notre rapport à l’argent ? Pas pour l’orateur : nous cherchons simplement à auto-justifier nos choix, sans voir nos contradictions. Un père de famille qui s’offusque de voir quelqu’un tricher dans le métro n’aura pas de scrupules à camoufler quelques revenus au fisc… Car pour le conférencier, la société ne s’encombre pas de solidarité et de partage. Cet état de fait serait dû en partie au poids des prélèvements obligatoires : cette charité subie aurait pris la place d’une générosité libre.

Robert Rochefort prône deux moyens de s’accommoder de l’argent dans nos vies:

• préserver des territoires hors de l’influence de l’argent (religion, sexualité…)

• réenchanter notre rapport à l’argent, apprendre à vivre avec sans occulter la dimension bénévole et charitable de nos vies.

Les réactions de l’assemblée

Après la conférence, les questions sur le rapport des jeunes à l’argent ont fusé. Il faut croire que certains parents se sont sentis concernées par le propos de Robert Rochefort… Comment éduquer les jeunes au rapport à l’argent dans la société de consommation ? Comment expliquer que les jeunes soient si attirés par l’argent et veuillent sortir de cette société ? Les jeunes sacrifient-ils leurs ambitions au profit de la qualité de vie ?… Autant de questions qui ont permis au directeur général du CREDOC de rappeler que la situation a beaucoup évolué depuis les jeunes années de la majorité des auditeurs… Aujourd’hui, les enfants découvrent la société par une logique de consommation. Pour être l’aise dans cette société, ils recherchent l’argent. Mais subissent cette société plus qu’ils ne la font.

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