Dossier Rencontres anuelles

Compte rendu – session 2022 – 2/3 Une planète vivable et pacifiée

La fraternité notre combat, pour bâtir un avenir durable… Cette 96e Rencontre fut une belle réussite avec des intervenants qui ont su nourrir notre réflexion et un accueil exceptionnel à Université catholique de Lille au cœur de la biennale Ecoposs.

Petit retour sur ce qui a été dit… 2/3

2. UNE PLANETE VIVABLE ET PACIFIEE

La 2e séquence de cette 96e Rencontre a été consacrée à une réflexion sur l’avenir de la planète sous deux aspects particuliers : celui de l’environnement et celui des conflits. Le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources nous amènent à devoir penser la fraternité en tenant compte d’une planète limitée. Par ailleurs, les conflits perdurent sur la planète et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 place le continent européen dans une nouvelle perspective sur la question de la guerre et de la paix.

Tables inspirantes

L’après-midi a débuté avec les tables inspirantes : la présentation par des associations locales de leurs actions. En replay vous pouvez trouver le témoignage de Ch’tite maison solidaire, qui innove dans l’hébergement solidaire (avec un usage particulièrement prometteur de la Tiny house !), et de Terre de liens, association visant à acquérir des terrains agricoles pour aider des agriculteurs à s’installer.

La décroissance est-elle l’avenir ?

Fabrice Boissier, haut fonctionnaire et ancien directeur général délégué de l’Ademe (l’agence de la transition écologique) a commencé par faire un utile rappel sur la situation qui est la nôtre, rappelant notamment que nous avons déjà dépassé 6 des 9 limites planétaires et que la crise est systémique. Pour lui, notre avenir passe donc nécessairement par la décroissance de ntore impact sur l’environnement

Il a expliqué que l’Ademe avait formulé 4 scénarios pour atteindre la neutralité carbone se basant sur deux leviers principaux : soit le levier technologique, soit le changement de comportement par la sobriété, mais les deux scénarios misant sur la technologique possèdent des incertitudes quant à leur réalisation.

Pour Fabrice Boissier, plutôt que d’utiliser le terme « décroissance » qui engendre chez beaucoup de la peur et de l’incompréhension, il faudrait plutôt davantage investir le terme de « sobriété ».

Mathilde Szuba, professeure à Sciences po Lille, membre du Ceraps et de l’Institut Momentum, est, elle, attachée au fait d’utiliser le mot décroissance car nous nous situons dans une urgence où il est nécessaire d’employer les termes adéquats. La décroissance n’est plus une question mais une nécessité. Elle est aussi un impératif solidaire au niveau international puisque nos niveaux de vie sont particulièrement mortifères.

Elle a ensuite montré que la décroissance avait déjà été connue notamment lors du choc pétrolier de 1973. Ainsi, aux Pays Bas avait été instauré des dimanches sans voiture où la population s’appropriait d’ailleurs les routes pour pique-niquer, se balader, etc. En Grande Bretagne une grosse grève de production de charbon avait conduit à une baisse drastique de l’électricité. On avait ressorti les bougies et était passé à la semaine de travail de 4 jours, puis 3 !

Dans ce contexte de décroissance, il est vital de prendre conscience de nos dépendances à l’énergie, et de penser les efforts de manière partagée. Il s’agit à la fois d’une condition éthique et pragmatique pour que la confiance en les autorités soit possible.

Si tu veux la paix, prépare la guerre ou la paix ?

Pierre Servent, journaliste et essayiste a partagé son analyse du monde actuel, notant une montée en puissance de la volonté d’en découdre, davantage que de coudre, créer la relation.

3 tendances fortes se dégagent, selon Pierre Servent :

1. Un monde qui se tribalise et se tripalise, marqué par de multiples peurs où les peuples ont tendance à se replier sur une base tribale avec un système de purification pour se protéger des grandes menaces qui viennent de l’intérieur.

2. L’émergence de personnages messianiques autoproclamés, conséquence de groupes humains guidés par la peur et dégageant une envie de barbarie et de tyrannie comme système de protection.

3. Les grandes instances de dialogue comme l’UE ou l’ONU sont en perte de vitesse.

Dans ce contexte, il s’agit de se préparer à la guerre parce qu’elle peut arriver, est déjà là, et préparer la paix. Il récuse d’ailleurs le terme de guerre juste car quand on est chrétien, la guerre est toujours une injure faite à Dieu.

Pour terminer, il appelé à la révolution des 4 C : faire preuve de caractère, de citoyenneté, de courage et de connaissance.

Mario Giro est le médiateur pour la paix de la communauté San’t Egidio. Pour lui, la paix est un processus permanent. Si le pape François insiste sur la paix, on le pense immédiatement conciliant envers Poutine. Cependant, pour Giro, les guerres de ces 30 dernières années ont été strictement inutiles et les conflits ne résolvent pas les guerres internationales car l’objectif de la guerre est de s’installer durablement. Pour lutter il faut donc reconnaître que la guerre est obsolète, ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas penser à la sécurité, mais contrer l’idée que la guerre est quelque chose de normal.

Pour Mario Giro, la différence entre les guerres des démocraties et celles des tyrannies se situent dans la manière de penser l’après dès le début. C’est cet après qui définit les démocraties.

La victoire qui écrase tout le monde sème les graines de la prochaine guerre…

Un échange passionnant s’est ensuivi révélant des points de désaccord de fond mais creusant d’un côté comme de l’autre les voies qui peuvent servir la paix.

Une planète vivable et pacifiée, des pistes d’espérance

Enfin Cécile Duflot a elle aussi rappelé l’urgence et l’importance des défis qui se présentent à nous aujourd’hui, souligné les contradictions de l’humanité, souvent prompt à faire des choix qui la mettent collectivement en péril. Elle a notamment relevé trois causes principales du dérèglement climatique qui peuvent aussi devenir des acteurs majeurs pour œuvrer à des solutions : l’Etat, les milliardaires possédant un certain nombre d’entreprises, les financeurs et donc les banques. L’exemple postale par exemple a de cette façon engagé un virage décisif avec une politique qui permet de montrer qu’une banque peut se désengager des investissements fossiles.

Au moment de clore la conférence, Jérôme Chapuis a tout de même posé la question présente sur toutes les lèvres : se sent-elle plus utile en politique ou à la tête d’une ONG ? Pour elles les deux lieux sont absolument nécessaires et utiles même si la vie politique est dure et qu’elle a pu être confrontée à de nombreuses déceptions et que l’engagement en ONG peut aussi mener au découragement devant l’immensité du travail à accomplir. Mais la politique comme les ONG permettent d’avoir un réel impact. Elle a senti qu’à un moment il fallait arrêter, pour elle, la politique et qu’il était alors plus utile de se tourner vers les ONG. Cela correspond à des phases, à des histoires personnelles…

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